Mercredi 14 juin 2023 à 15h55
Istanbul, 14 juin 2023 (AFP) — Le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti mercredi que la Turquie ne "satisfera" pas nécessairement les "attentes" de la Suède, candidate à l'entrée dans l'Otan, lors du prochain sommet de l'Alliance atlantique à Vilnius (Lituanie), les 11 et 12 juillet.
"La Suède a des attentes mais cela ne signifie pas que nous les satisferons", a déclaré M. Erdogan, qui bloque depuis treize mois l'entrée de la Suède dans l'Otan, lui reprochant notamment sa mansuétude envers les militants kurdes réfugiés sur son sol.
"Pour que nous puissions nous conformer à ces attentes, il faut tout d'abord que la Suède fasse sa part", a ajouté le chef de l'Etat à l'attention de journalistes présents à bord de son avion à son retour d'une visite en Azerbaïdjan.
Une réunion tripartite entre la Turquie, la Suède et la Finlande a eu lieu en parallèle mercredi à Ankara afin d'évoquer le projet d'adhésion de la Suède à l'Otan.
"Des progrès ont été réalisés", a affirmé dans la foulée le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, pour qui "il demeure possible de parvenir à un accord d'ici le sommet" de Vilnius.
Début juin à Istanbul, M. Stoltenberg avait appelé la Turquie à ratifier l'adhésion de la Suède à l'Alliance "dès que possible", estimant qu'elle avait "rempli ses obligations".
Simultanément, une manifestation anti-Erdogan et contre cette adhésion avait eu lieu à Stockholm, incluant notamment le comité Rojava, qui soutient les groupes armés kurdes en Syrie, ennemis d'Ankara.
"Nous ne pouvons pas envisager cela de manière positive (...) Que font les forces de l'ordre (suédoises) ? Leur travail est de les arrêter", a affirmé mercredi M. Erdogan.
"Si vous ne vous occupez pas de cela, nous ne pouvons pas (dire oui) à Vilnius", a-t-il ajouté.
La Turquie, qui a donné son feu vert fin mars à l'entrée de la Finlande dans l'Alliance, est le seul des 31 États membres de l'Otan avec la Hongrie à n'avoir pas encore ratifié l'adhésion suédoise.
Le gouvernement suédois a annoncé lundi l'extradition vers la Turquie d'un partisan du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), condamné en Turquie pour trafic de drogue, répondant à une condition posée par Ankara pour l'entrée de la Suède dans l'Otan.
Mais les autorités turques réclament des dizaines d'extraditions de militants réfugiés en Suède qu'elles qualifient de "terroristes", une requête impossible à satisfaire selon l'exécutif suédois, les tribunaux indépendants ayant le dernier mot sur ces dossiers.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.