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Soldats turcs tués: les rebelles kurdes paieront "un prix élevé" (Erdogan)


Vendredi 15 juillet 2011 à 19h02

ISTANBUL, 15 juil 2011 (AFP) — L'armée turque va faire payer "un prix élevé" aux rebelles séparatistes kurdes après la mort de treize soldats turcs dans une embuscade, a averti vendredi le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

"Nos forces de sécurité sont puissantes (...) et je crois qu'elles leur feront payer un prix élevé", a déclaré M. Erdogan à la presse à Istanbul, parlant des rebelles qui ont lancé jeudi une attaque contre des soldats turcs dans la province de Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie.

Treize soldats ont été tués et sept blessés, a annoncé l'armée, qui a indiqué que sept rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avaient été tués. Les pertes enregistrées par l'armée sont les plus lourdes qu'elle ait subies depuis octobre 2008.

M. Erdogan s'en est pris au principal parti kurde légal de Turquie, le Parti pour la paix et la démocratie (BDP), proche du PKK, lui-même considéré comme une organisation terroriste par Ankara, les Etats-Unis et l'Union européenne.

"Je dis ouvertement à l'organisation terroriste et à ses extensions qu'elles ne doivent s'attendre à aucune bonne volonté de notre part devant des actions aussi malintentionnées", a déclaré le Premier ministre.

"Si elles veulent la paix, il y a une chose à faire : l'organisation terroriste doit déposer les armes", a poursuivi M. Erdogan. "Si elles refusent de déposer les armes, les opérations militaires ne cesseront pas et le processus (de réconciliation) n'avancera pas", a-t-il prévenu.

Les combats de jeudi sont survenus au cours d'une opération de l'armée dans une zone montagneuse connue pour être un bastion du PKK près de la ville de Silvan, les soldats étant tombés dans un guet-apens, selon des sources locales de sécurité.

Les affrontements ont suscité une vive émotion en Turquie. Dès jeudi, le président du Parlement, Cemil Cicek, avait réagi avec virulence en appelant les protagonistes de la question kurde à choisir leur camp.

"D'un côté la démocratie, la paix et la liberté, mais de l'autre le sang, la haine et la barbarie... Désormais, chacun doit dire quelle est sa ligne. Ou on est du côté de la démocratie, ou bien on est avec ceux qui crachent leur haine et font couler le sang", a déclaré M. Cicek.

Les combats de jeudi ont encore accru les tensions qui montaient entre les Kurdes et Ankara depuis les élections législatives du 12 juin, largement remportées par le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan. Les accrochages entre les forces de sécurité et les rebelles se sont multipliés depuis lors.

Les tensions sont également politiques. Trente députés soutenus par les Kurdes boycottent le Parlement parce que les autorités ont refusé de libérer six militants kurdes élus pendant qu'ils attendaient leur procès en prison et parce qu'elles ont privé l'un d'eux de son siège de député.

Les nationalistes kurdes réclament la reconnaissance constitutionnelle des Kurdes, une autonomie politique régionale et une éducation en langue kurde dans les écoles. Mais beaucoup de Kurdes soutiennent pour leur part l'AKP de M. Erdogan.

Le Premier ministre a rejeté vendredi, en la qualifiant de "fiction", une déclaration d'"autonomie démocratique" faite jeudi par une coalition d'organisations kurdes, et la justice turque a lancé une enquête sur cette déclaration.

Depuis le lancement de l'insurrection du PKK en 1984, les violences ont fait quelque 45.000 morts.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.