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Six soldats turcs tués dans l'attaque d'une base navale par des rebelles kurdes


Lundi 31 mai 2010 à 12h49

ANKARA, 31 mai 2010 (AFP) — Six soldats turcs ont été tués dans la nuit de dimanche à lundi dans une attaque de rebelles kurdes contre une base navale dans le sud de la Turquie, un attentat qui survient après l'annonce par le leader rebelle kurde qu'il renonce à dialoguer avec le gouvernement.

Sept autres soldats ont été blessés dans cette attaque à la roquette sur la base d'Iskenderun, qui a visé un véhicule militaire transportant des troupes pour la relève de la garde, selon l'agence de presse Anatolie.

Trois des blessés, qui sont dans un état grave, ont été transportés dans un hôpital militaire d'Ankara.

Cette attaque a été perpétrée par des membres de l'"organisation terroriste séparatiste", a déclaré le gouverneur de la province dont dépend Iskenderun, Mehmet Celalettin Lekesiz, cité par Anatolie.

Cette appellation désigne dans les communiqués officiels les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Les opérations de sécurité se poursuivent", a-t-il dit.

L'attaque s'est produite vers 04H00 (01H00 GMT), et les autorités ont déployé des renforts de police et de troupes dans la région après l'attaque.

Le PKK, qui est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie et de nombreux pays, mène depuis 1984 une lutte armée pour la défense des droits des Kurdes de Turquie. Le conflit au fait au moins 45.000 morts.

Le mouvement rebelle qui opère à partir de bases situées dans les montagnes du sud-est de la Turquie et du nord de l'Irak, reprend chaque année ces attaques après la fonte des neiges, qui permet les déplacements dans la région.

Mais les attaques se sont multipliées ces dernières semaines.

Samedi, sept personnes, dont deux soldats turcs et trois supplétifs de l'armée, ont été tuées lors de trois accrochages avec le PKK, dans le sud-est du pays.

L'attaque contre la base d'Iskenderun n'a pas été revendiquée sur le moment par le PKK, dont le leader emprisonné à vie depuis 1999, Abdullah Öcalan, a annoncé samedi qu'il abandonnait ses efforts pour discuter avec le gouvernement, laissant l'initiative aux commandants rebelles sur le terrain.

"Poursuivre ce processus n'a plus de sens ni d'utilité. J'abandonne, en date du 31 mai, étant donné que je n'ai pas pu trouver d'interlocuteur", a déclaré le chef rebelle à son avocat, de sa prison, selon le site internet du journal Ozgur Politika.

Abdullah Öcalan, qui continue à diriger le PKK de sa prison par l'intermédiaire de messages passés par ses avocats, a ajouté que la "responsabilité incombe maintenant" aux dirigeants du PKK et au principal parti pro-kurde BDP (Parti pour la paix et la démocratie).

"Je n'y parviens pas, de là où je suis. A eux de décider ce qu'il faut faire", a-t-il dit.

Mais le leader a précisé que ses propos ne devaient pas être compris comme un appel au PKK à intensifier la lutte armée. "Ce n'est pas un appel à la guerre", a-t-il dit, selon le journal.

Le journal n'a pas précisé si cette déclaration du leader du PKK signifie qu'il renonce à son leadership sur le mouvement rebelle.

L'an dernier, le gouvernement, qui refuse de négocier avec le PKK, a annoncé une "ouverture" à la minorité kurde, avec l'intention de lui octroyer plus de droits, pour saper le soutien dont bénéficie le PKK dans la population.

Mais cette initiative concernant les quelque 15 millions de Kurdes, sur une population de 73 millions, est restée au point mort.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.