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Séisme : la Turquie arrête la majorité des recherches, Blinken en visite


Dimanche 19 février 2023 à 16h23

Antakya (Turquie), 19 fév 2023 (AFP) — La Turquie a décidé dimanche, quatorze jours après le séisme du 6 février, d'arrêter la majorité des recherches, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se rendant quant à lui sur place pour suivre l'effort humanitaire avant une rencontre avec le président Recep Tayyip Erdogan à Ankara.

"Dans bon nombre de provinces les efforts de recherches sont terminés. Ils se poursuivent dans les provinces de Kahramanmaras et Hatay, dans une quarantaine de bâtiments", a déclaré Yunus Sezer, le patron de l'agence gouvernementale de secours (Afad).

Le tremblement de terre d'une magnitude de 7.8 qui a dévasté le sud du pays et la Syrie a fait près de 45.000 morts dont 40.689 morts en Turquie, selon le dernier bilan officiel communiqué dimanche par l'Afad.

Aucun nouveau survivant n'a été dégagé des ruines depuis plus de 24 heures, après le sauvetage d'un couple à Antakya, capitale de la province d'Hatay, samedi, 296 heures après le tremblement de terre.

Au cours des trois derniers jours, sept personnes ont été retirées vivantes des décombres, toutes à Antakya, dont l'enfant du couple, qui a succombé peu après avoir été secouru.

Dans la province de Kahramanmaras, où a été localisé l'épicentre, les chances de survie apparaissaient plus minces qu'à Hatay en raison du froid qui a atteint la nuit jusqu'à -15°C dans les zones enneigées comme Elbistan, ont constaté les équipes de l'AFP.

Le vice-président turc Fuat Oktay a rapporté samedi que 105.000 bâtiments se sont effondrés ou ont été sévèrement endommagés et seront démolis.

Plus de 6.000 répliques ont été enregistrées depuis le sinistre dont l'une d'une magnitude de 6.6 et quarante d'une intensité de 5 à 6, selon l'organisme de secours.

- "Dur de partir" -

Dans un message diffusé via Twitter, l'Afad demande aux sinistrés de ne pas chercher à entrer dans les bâtiments endommagés pour y récupérer des biens, "même brièvement".

"C'est dur de partir, on a énormément de souvenirs ici, mes filles sont nées ici, on s'est marié ici", soupire Bilal Jawir, un ouvrier du bâtiment se préparant à quitter sa ville d'Antakya, très touchée par le séisme. Sa maison est toujours debout, mais sa stabilité incertaine.

Mardi, le chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan avait annoncé que 2,2 millions de personnes avaient d'elles-mêmes évacué les provinces affectées.

L'Afad a rappelé que plus de 265.000 secouristes turcs avaient été déployés dans les zones affectées, en comptant ses équipes, celles de l'armée et de la gendarmerie, les volontaires et les ONG.

En outre, près de 11.500 secouristes venus de l'étranger se sont joints aux efforts de recherches et secours, selon le ministère des Affaires étrangères.

Antony Blinken a atterri sur la base aérienne d'Incirlik, dans le sud-est du pays, depuis Munich, où il participait à une conférence sur la sécurité.

C'est de cette base qu'est acheminée une partie de l'aide humanitaire, notamment américaine, vers les zones sinistrées par le séisme.

- Rôle dans la guerre en Ukraine -

Le secrétaire d'Etat, dont la visite en Turquie était prévue avant le séisme, devait rencontrer dans l'après-midi responsables militaires et humanitaires qui coordonnent l'aide américaine aux sinistrés et se rendre compte de l'effort humanitaire en cours dans la province de Hatay, selon des sources américaines.

Les Etats-Unis ont déployé dès le lendemain du séisme, qui a également frappé le nord de la Syrie, plusieurs équipes de recherche et secours en Turquie soit environ 200 personnes, et débloqué une première tranche de 85 millions de dollars en aide humanitaire.

Il s'agit du premier déplacement du secrétaire d'Etat américain en Turquie depuis sa prise de fonction il y a deux ans.

Les deux pays, alliés dans l'Otan, entretiennent des relations parfois tumultueuses. La Turquie qualifie notamment de "terroriste" les Kurdes syriens des YPG (Unités de protection du peuple), fer de lance de la lutte, appuyée par une coalition internationale menée par Washington, contre les jihadistes de l'Etat islamique.

Mais les Etats-Unis reconnaissent à leur allié un rôle constructif s'agissant notamment de la guerre en Ukraine.

Parmi les litiges, figurent la vente potentielle d'avions de chasse F-16 promis par le président Joe Biden à la Turquie mais qui reste bloquée par l'opposition du Congrès, et le blocage turc de l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'Otan.

Après la Turquie, M. Blinken achèvera sa tournée européenne à Athènes où il aura lundi soir et mardi une série d'entretiens avec les autorités de ce pays, rival historique de la Turquie mais également partenaire dans l'Otan.

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a affirmé jeudi que le séisme "pourrait être une occasion" de redéfinir les relations jusqu'ici orageuses entre Ankara et Athènes, qui a été l'un des tout premiers pays européens à dépêcher des équipes de sauveteurs.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.