Dimanche 22 janvier 2006 à 08h39
BAGDAD, 22 jan 2006 (AFP) — Lors de la reprise de son procès, mardi à Bagdad, le président déchu Saddam Hussein se trouvera face à un nouveau juge, le chiite Saïd al-Hamachi qui a remplacé son collègue démissionnaire, le kurde Rizkar Amine, critiqué pour son manque de fermeté à l'égard de l'accusé.
L'ancien président et sept de ses lieutenants sont accusés du massacre de 148 villageois chiites de Doujaïl (nord de Bagdad) dans les années 1980 en représailles à l'attaque du convoi de Saddam Hussein lorsque celui-ci visitait le village en 1982.
Dans l'air depuis un certain temps, la démission du juge qui a présidé aux sept premières audiences du Haut Tribunal pénal irakien, a été confirmée à la mi-janvier.
En dépit de démentis officiels, le juge kurde qui garde le silence sur les raisons de son départ, a jeté l'éponge en raison des dures critiques venant de responsables chiites sur sa manière jugée molle de conduire les débats, alors que Saddam Hussein et ses co-accusés se sont montrés extrêmement combatifs.
Le nouveau juge a promis de changer de méthode dans une interview au quotidien à capitaux saoudiens Asharq al-Awsat en déclarant: "Peu m'importe qui se trouve devant moi, un ancien président ou autre".
"Ce qui m'intéresse, c'est que justice soit faite", a-t-il ajouté.
A la question de savoir s'il aura tendance à laisser l'ancien président se livrer à des discours politiques, comme il l'avait souvent fait lors des précédentes audiences, il a répondu: "Chaque chose en son temps".
"Je ne veux rien anticiper (...), mais j'ai l'intention de diriger les débats conformément à la loi et aux véritables règlements", a-t-il ajouté.
Le nouveau juge part cependant avec un handicap: des liens supposés avec le Baas, parti dissous de l'ancien maître absolu de l'Irak, évoqués par un organisme chargé de purger l'administration et les institutions de l'Etat.
"Le Tribunal ne prendra pas en considération la recommandation du Comité d'épuration de l'ancien parti Baas et Saïd al-Hamachi continuera à faire partie de notre juridiction", a toutefois tranché le 19 janvier Raed al-Jouhi, juge d'instruction.
"Le tribunal n'a aucune preuve attestant que le juge Hamachi soit concerné par la loi sur l'épuration du Baas", a-t-il ajouté.
Le Comité d'épuration du Baas avait affirmé que le juge Hamachi ne pouvait pas conduire les prochaines audiences du procès de Saddam Hussein ayant été membre du parti du président déchu.
Né en 1952, le juge Saïd al-Hamachi est un ancien avocat chiite originaire de Bagdad qui a exercé pendant de longues années son métier sous l'ancien régime de Saddam Hussein, renversé en avril 2003.
Il n'a jamais été inquiété sous l'ancien régime et il a suivi des formations en Italie et en Grande-Bretagne en prévision du procès de Saddam Hussein et de ses lieutenants.
Ce procès pourrait se conclure en juin, si les interruptions de séance sont réduites au minimum, a estimé le 7 janvier un conseiller juridique américain auprès du Haut tribunal pénal.
Selon ce conseiller, Kevin Dooley, de nouveaux témoignages doivent être présentés, ainsi que des preuves écrites de la responsabilité des accusés lors des prochaines audiences.
"Le procès sera ensuite ajourné, afin de permettre aux trois juges présidant le tribunal de dresser un acte d'accusation précis contre chacun des 8 accusés, ce qui devrait prendre quelques semaines", a estimé M. Dooley.
Si Saddam Hussein et ses lieutenants sont jugés coupables, ils encourent la peine de mort, mais ils ont la possibilité de faire appel.
Si la peine de mort est confirmée en appel, elle devrait être appliquée dans un délai de 30 jours. Mais la durée de l'appel pourrait être prolongée pour permettre au président déchu de répondre de ses autres crimes supposés.
Outre le massacre des villageois de Doujaïl, l'ancien président doit répondre d'autres accusations comme le gazage de Kurdes à Halabja en 1988 et la répression de chiites après le soulèvement de 1991.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.