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Saddam Hussein devant ses juges, assassinat du frère d'un vice-président


Lundi 9 octobre 2006 à 19h54

BAGDAD, 9 oct 2006 (AFP) — L'ancien président irakien Saddam Hussein est revenu devant ses juges lundi à Bagdad pour entendre des Kurdes l'accuser d'avoir détruit leur vie et leur famille dans des conditions impitoyables, en 1988.

D'autre part, Amer al-Hachimi, frère du vice-président sunnite de la République, a été assassiné chez lui à Bagdad, lundi, par des inconnus.

Ajourné le 26 septembre, le procès a repris avec l'audition de quatre témoins kurdes. Il se poursuivra mardi.

Témoignant anonymement derrière un rideau, une Kurde a décrit dans quelles circonstances sa famille avait disparu lors de l'offensive de l'armée irakienne contre le Kurdistan en 1988. "Je connais le sort de ma famille: ils ont été enterrés vivants", a-t-elle dit.

Abdel-Hadi Abdallah Mohammed, 41 ans, agriculteur de la région de Souleimaniyeh, capitale d'une des provinces du Kurdistan, a déclaré qu'il avait appris que sa mère était morte dans la sordide prison de Nugrat Salman (sud), dans l'extrême sud désertique de l'Irak, où de nombreux Kurdes étaient alors conduits.

C'est sa belle-mère, l'une des rares rescapées, qui lui a appris ce qui s'était passé. "Elle a été enterrée, puis déterrée par un chien noir qui se nourrissait des corps", a-t-il dit devant le tribunal.

Depuis le début du procès, le 21 août, les témoins décrivent, en des termes similaires, la fuite ou la mort des habitants à la suite de l'attaque de leur village à l'arme chimique, la séparation des familles, l'agonie des victimes volontairement mal soignées dans les hôpitaux, les conditions dégradantes de détention dans des prisons sordides. Un témoin a décrit comment les femmes étaient conduites dans le bureau du directeur de la prison de Nugrat Salman pour y être violées.

L'ancien président irakien et Hassan al-Majid, surnommé Ali le chimique pour son rôle dans les bombardements chimiques des zones civiles, sont accusés de génocide. En outre, tous deux et cinq autres co-accusés sont poursuivis pour crime de guerre et crime contre l'humanité contre les Kurdes pour avoir ordonné et exécuté les campagnes militaires d'Anfal, en 1987-1988, qui ont fait plus de 180.000 morts au Kurdistan, selon l'accusation. Ils risquent tous la peine de mort.

Les avocats de la défense boycottent le procès pour protester contre la nomination d'un nouveau juge due, selon eux, à l'intervention du gouvernement.

Par ailleurs, des inconnus ont assassiné le frère du vice-président irakien Tarek al-Hachimi.

Un responsable du Parti Islamique Irakien, dont Tarek al-Hachimi est secrétaire général, a indiqué que les assaillants avaient attaqué la résidence de Amer al-Hachimi à Bagdad, tué ses gardes de sécurité et enlevé son fils.

Amer al-Hachimi était conseiller militaire à la présidence de la République avec le rang de général.

A Bagdad, neuf personnes ont été tuées dans l'explosion d'une voiture piégée dans un quartier nord, à majorité chiite.

A Tall Afar (370 km au nord de Bagdad), une voiture piégée a explosé, tuant un policier.

Dans la région de Kut (sud), plusieurs centaines d'hommes d'une nouvelle unité de la police irakienne à l'entraînement sont tombés malades après avoir pris un repas suspect. Le fournisseur du mess a été arrêté et les cuisiniers étaient interrogés pour établir les circonstances de l'intoxication.

Dans un premier temps, la mort de trois policiers avait été annoncée, information démentie par le ministère de l'Intérieur.

Enfin, trois marines sont morts des suites de leurs blessures dans la province d'al-Anbar, portant à 31 le nombre de soldats américains tués depuis le début du mois en Irak. Au total, 2.740 soldats américains et personnel assimilé sont morts en Irak depuis mars 2003.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.