Mardi 12 septembre 2006 à 12h21
BAGDAD, 12 sept 2006 (AFP) — Le président déchu Saddam Hussein a affirmé, mardi que son armée n'avait fait que réprimer une rébellion au Kurdistan, rejetant ainsi les accusations de génocide contre les populations kurdes, pesant sur lui.
"Y a-t-il un pays au monde où quand une insurrection éclate, elle n'est pas réprimée par l'armée? Je propose de supprimer le mot peshmerga (du procès verbal) qui signifie sacrifice et de le remplacer par insurgé", a dit l'ancien dictateur.
Il s'agissait mardi de la cinquième audience de son procès devant le Haut tribunal pénal irakien, où il est jugé, ainsi que six de ses lieutenants, pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes de répression "Anfal" (butin de guerre), au Kurdistan, qui auraient fait 180.000 morts en 1987 et 1988.
L'ancien homme fort de Bagdad, vêtu de son habituel costume sombre, et un Coran posé sur le pupitre devant lui, a martelé que "les Arabes et les Kurdes" avaient "fait beaucoup de sacrifices pour lutter contre l'insurrection".
Il voulait parler des Kurdes proches du gouvernement de Bagdad.
Selon lui, qualifier les insurgés de "peshmerga" leur confère un statut autre que celui de simples rebelles que le gouvernement a le droit de combattre.
Saddam Hussein a par ailleurs exigé que des experts internationaux examinent les preuves fournies par un témoin, Abdel Ghafour Hassan Abdallah, qui avait raconté auparavant l'attaque de son village dans la région de Soulaimaniyeh, en 1988, et la disparition de sa mère et de ses jeunes soeurs.
Le témoin, qui s'exprimait en kurde, avait affirmé qu'après la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, les papiers d'identité de sa famille avaient été retrouvés dans un charnier dans la région de Mossoul.
Saddam Hussein a demandé que les experts s'assurent que les pièces d'identité et les corps de sa mère et ses soeurs venaient du même endroit.
"Ces experts ne doivent pas être Américains, mais neutres, venant de pays comme la Suisse", a-t-il poursuivi.
"Nous ferons appel à des experts internationaux", a affirmé le juge Abdallah al-Ameri, sans autre précision.
A un moment donné, l'ancien dictateur s'est tourné vers l'accusation et lancé: "vous êtes des agents iraniens et sionistes. Nous vous écraserons".
Le juge lui a alors coupé le micro.
Pour sa part Abdel Ghafour Hassan n'a pas pu cacher sa joie de voir Saddam Hussein enfin jugé pour ses crimes. "Félicitations Saddam, aujourd'hui vous êtes derrière les barreaux", s'est-il exclamé en s'adressant au président déchu avant d'être rappelé à l'ordre par le juge.
Un deuxième témoin, Mahmoud Hama Aziz, vêtu du séroual traditionnel kurde et coiffé d'un turban, a raconté avoir perdu la trace de six membres de sa famille lors la campagne d'Anfal.
"Mon village a été attaqué, pillé et brûlé", a-t-il dit, en ajoutant avoir pris la fuite devant l'avancée des troupes gouvernementales.
"Pendant des années, je n'ai eu aucune nouvelle de ma famille jusqu'à ce qu'un tribunal me convoque en 2004 et me montre les papiers de mes parents".
Il a réclamé des compensations et de pouvoir récupérer les restes des membres de sa famille.
Bagdad n'a pas été épargnée mardi par les violences. Six passants ont été tués et 18 blessés par un attentat à la voiture piégée dans une rue fréquentée du quartier Mansour (centre).
Cinq autres attaques, dont quatre attentats à la bombe ont causé la mort d'un policier et blessé dix personnes, dont deux policiers, également à Bagdad.
Enfin à Téhéran, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a assuré que son pays aiderait l'Irak à rétablir "complètement" la sécurité sur son territoire, à l'issue d'entretiens avec le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, en visite en Iran.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.