Dimanche 26 novembre 2006 à 08h56
BAGDAD, 26 nov 2006 (AFP) — L'ancien président Saddam Hussein revient lundi devant le Haut tribunal pénal irakien pour le massacre de 180.000 personnes au Kurdistan, trois semaines après avoir été condamné à mort par pendaison pour son rôle dans le massacre de villageois chiites
L'audience avait été ajournée le 8 novembre, le juge Mohammed al-Oreibi al-Khalifa voulant donner à la défense le temps nécessaire pour présenter ses témoins.
Le président déchu et six anciens dirigeants, dont son cousin Hassan al-Majid, dit "Ali le chimique", sont jugés pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes militaires d'Anfal en 1987-1988 dans le Kurdistan (nord), qui ont fait 180.000 morts selon l'accusation.
Tous risquent la peine de mort, mais seuls Saddam et "Ali le chimique" sont accusés de génocide. Pour leur défense, les accusés expliquent que les campagnes Anfal constituaient un exemple classique de lutte anti-guérilla, dans le cadre de la guerre Iran-Irak (1980-1988).
Lors des 22 premières audiences du procès, ouvert le 21 août, plusieurs dizaines de témoins ont raconté les bombardements chimiques de leurs villages, les tortures, les viols et les exécutions sommaires de villageois kurdes.
Le 7 novembre, Saddam Hussein avait appelé Arabes et Kurdes à la "réconciliation", les invitant "à se pardonner et à se serrer la main".
Le procès devrait se poursuivre avec de nouveaux témoins de l'accusation, les témoignages d'experts et les dépositions de témoins de la défense.
Saddam Hussein a été condamné le 5 novembre à mort par pendaison dans un autre procès concernant l'exécution de 148 villageois chiites dans les années 1980, en représailles à un attentat contre le convoi présidentiel à Doujaïl, au nord de Bagdad.
Une procédure d'appel automatique qui peut prendre plusieurs mois a été engagée. Si le verdict est confirmé par la Cour d'appel du Haut tribunal pénal, la peine doit être appliquée dans un délai de 30 jours.
Le Premier ministre Nouri al-Maliki avait indiqué peu après le verdict qu'il s'attendait "à ce que l'exécution se déroule avant la fin de cette année".
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a publié mi-novembre un rapport de 97 pages sur le procès de Doujaïl, selon lequel le procès a été marqué par tellement d'irrégularités que le verdict de condamnation à mort ne repose pas sur des bases solides et devrait être annulé.
L'ONG a dénoncé l'attitude du gouvernement irakien qui a, selon elle, affecté l'indépendance des juges, souligné que nombre de preuves et éléments clé n'ont pas été présentés à la défense à l'avance, et regretté que témoins et accusés n'aient pu être confrontés, ce qui est "une violation des droits élémentaires des prévenus".
De nombreux membres de la communauté kurde, au premier rang desquels le président irakien Jalal Talabani, estiment que Saddam Hussein ne devrait pas être exécuté avant la fin du procès Anfal.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.