Mercredi 11 octobre 2006 à 13h06
BAGDAD, 11 oct 2006 (AFP) — Le procès de Saddam Hussein pour génocide contre les kurdes a repris dans le calme mercredi à Bagdad au lendemain du tumulte qui a marqué l'expulsion de l'ancien président irakien et des autres accusés.
Entretemps, les soldats américains continuaient de lutter contre l'énorme incendie d'un dépôt de munitions de l'armée américaine à Bagdad, qui a été détruit par un obus de mortier et a provoqué de fortes explosions dans la nuit. Il n'y a pas eu de victimes, selon l'armée américaine.
La quinzième audience du procès de Saddam Hussein, ouvert le 21 août, a été marquée par un nouvel échange d'arguments, contrôlé cette fois-ci, entre le juge Mohamed al-Oreibi al-Khalifa et l'accusé Hussein Rachid al-Tikriti qui avait accusé mardi le tribunal d'être composé de "souteneurs et de traîtres" puis envoyé son poing dans la figure d'un huissier.
"Quand l'accusation ou le procureur parle, tout le monde écoute. Quand celui que vous appelez +l'accusé+ parle, vous fermez les microphones. Est-ce équitable?" a demandé Hussein al-Tikriti, ex-directeur des opérations de l'armée irakienne.
"L'usage du microphone vise à maintenir l'ordre dans ce tribunal", a rétorqué le juge.
Les avocats de la défense boycottent le procès pour protester contre la nomination du juge Khalifa due, selon eux, à une intervention du gouvernement. En l'absence des avocats habituels, la défense est assurée par des avocats commis d'office mais que les accusés récusent.
Depuis le début du procès, les témoins décrivent la fuite ou la mort des habitants après l'attaque de leurs villages aux armes chimiques, la séparation des familles, l'agonie des victimes volontairement mal soignées dans les hôpitaux et les conditions dégradantes de détention.
L'ancien président irakien et Hassan al-Majid, surnommé Ali le chimique pour son rôle dans les bombardements chimiques de zones civiles, sont accusés de génocide. En outre, tous deux et les cinq autres accusés sont poursuivis pour crime de guerre et crime contre l'humanité contre les Kurdes pour avoir ordonné et exécuté les campagnes d'Anfal à la fin des années 1980. Tous risquent la peine de mort.
Le feu d'artifice qui a suivi l'incendie du dépôt de munitions de la base américaine Falcon a été provoqué par le tir mardi soir d'un obus de mortier 82 mm, a annoncé un porte-parole américain, le lieutenant-colonel Jonathan Withington, soulignant "qu'aucune victime n'a été signalée".
Des responsables irakiens sont apparus à la télévision dans la nuit pour rassurer la population et garantir que personne n'attaquait la capitale.
La force multinationale "a établi qu'un obus de mortier de 82 mm tiré par des civils liés à une milice à partir du secteur d'Abou Tchir a provoqué l'incendie du dépôt de munitions vers 22H40 (19H40 GMT)", a dit le porte-parole américain.
"L'incendie a gagné des stocks de munitions de char, d'artillerie et d'armes légères" de la base Falcon dans le quartier Rachid dans le sud de Bagdad, selon lui.
Abou Tchir se trouvant dans le quartier chiite de Doura dans le sud de Bagdad, les propos du porte-parole font porter les soupçons sur une milice chiite, comme l'Armée du Mahdi, groupe armé loyal au chef radical chiite Moqtada Sadr.
L'Armée islamique en Irak, un groupe radical sunnite de la guérilla formé essentiellement d'ex-membres des renseignements du Baas, a revendiqué l'attaque contre le dépôt, affirmant dans un communiqué mis en ligne que des roquettes Katioucha et des obus de 120 mm avaient été tirés contre la base.
Les unités de pompiers de la base continuaient à lutter pour éteindre le feu, avant que les unités du génie ainsi que les experts en munitions n'explorent systématiquement le terrain pour retirer toute munition non-explosée, et faciliter le nettoyage complet de la zone.
Le porte-parole a assuré que l'incendie n'affecterait en rien les opérations de sécurité à Bagdad.
D'autre part, trois attentats à la voiture piégée à Bagdad ont tué quatre civils et blessé 34 personnes.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.