Lundi 6 avril 2009 à 19h11
COPENHAGUE, 6 avr 2009 (AFP) — Roj TV, la télévision kurde basée au Danemark accusée par la Turquie d'être le porte-voix des séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), empoisonne depuis plusieurs années les relations entre les deux pays.
Le conflit a ressurgi à l'occasion du bras de fer engagé par le gouvernement turc sur la nomination à compter du 1er août de l'ex-Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen à la tête de l'Otan, une nomination annoncée samedi après que les réserves turques ont été levées.
Selon plusieurs journaux turcs, Ankara, en échange de son feu vert à M. Rasmussen, a entre autres obtenu l'assurance que Roj TV sera prochainement interdite d'émettre depuis le Danemark, mettant ainsi un terme à sa diffusion sur des bouquets satellites.
Depuis que Roj TV a obtenu le droit d'émettre auprès du Conseil danois de l'audiovisuel en décembre 2003, la Turquie, via son ambassade à Copenhague a déposé plusieurs plaintes, devant l'autorité administrative et la police, pour l'instant sans succès.
L'ambassade accuse Roj TV de "contribuer ouvertement à atteindre les buts poursuivis par l'organisation terroriste PKK", selon un extrait d'une plainte de 2007 dont l'AFP a eu copie.
Une enquête de police a été ouverte durant l'été 2005 mais est toujours en cours, selon un procureure danoise. Mais selon elle, il est hors de question que des pressions politiques puissent s'exercer sur cette enquête.
"Clairement, la réponse est non. L'enquête est de notre ressort, c'est à nous de prendre la décision", assure Liselotte Nilas.
Et après trois rejets par le Conseil de l'audiovisuel des demandes d'interdiction d'émettre formulées par la Turquie, le dernier en avril 2008, la direction de Roj Tv affiche sa confiance.
"Nous ne fermerons pas parce que la Turquie l'exige, ce n'est pas la Turquie qui décide au Danemark", a déclaré lundi à l'AFP Yilmaz Imdat, directeur de la station à Copenhague.
"Nous vivons dans des pays démocratiques qui respectent la liberté d'expression et la liberté de la presse. On ne peut pas faire comme en Turquie et fermer une chaîne de télévision ou une radio parce qu'on ne les aime pas", avance-t-il.
Sa chaîne émet depuis le Danemark mais a la plupart de ses locaux et ses effectifs en Belgique, où elle emploie une centaine de personnes, contre seulement quatre dans le pays nordique.
Diffusée 24 heures sur 24, elle propose principalement en langue kurde des émissions d'actualité, des émissions de débat politique, des programmes culturels ainsi que des programmes pour enfants, selon M. Imdat, qui nie tout lien avec le PKK.
"Nous n'avons rien à voir avec eux, ce sont des accusations du côté turc", affirme-t-il.
Selon lui, le budget annuel d'environ 30 à 35 millions de couronnes danoises (entre 4 et 5 millions d'euros) est financé "par le peuple kurde et des entreprises et des communautés kurdes à l'étranger".
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.