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Rishi Sunak limoge un de ses ministres en raison de ses démêlés fiscaux


Dimanche 29 janvier 2023 à 11h40

Londres, 29 jan 2023 (AFP) — Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a limogé dimanche le ministre sans portefeuille et président du Parti conservateur Nadhim Zahawi en raison d'une violation du code ministériel liée à son manque de transparence sur ses démêlés fiscaux.

Au pouvoir depuis bientôt 100 jours dans un Royaume-Uni en proie à une succession de grèves et une inflation qui dépasse les 10%, le chef du gouvernement conservateur, accusé d'être "faible" par l'opposition travailliste, affiche ainsi une posture de fermeté en limogeant Nadhim Zahawi plutôt qu'en lui demandant de démissionner.

Surtout, il cherche à traduire en actes sa promesse, faite lors de son arrivée à Downing Street fin octobre dernier, de faire preuve d'"intégrité, professionnalisme et responsabilité", après la succession de scandales sous Boris Johnson et le chaos sur les marchés financiers sous Liz Truss.

A l'issue d'une enquête indépendante ouverte lundi sur la conduite de Nadhim Zahawi au sujet de son litige avec le fisc, "il est clair qu'il y a eu une grave violation du code ministériel", a écrit Rishi Sunak dans une lettre publiée par Downing Street.

"En conséquence, je vous informe de ma décision de vous démettre de vos fonctions au sein du gouvernement de Sa Majesté", a poursuivi le chef du gouvernement conservateur.

Face aux révélations successives dans la presse autour du règlement des plusieurs millions de livres sterling que Nadhim Zahawi a dû payer pour solder son litige avec le fisc, le Premier ministre avait chargé lundi son conseiller éthique indépendant d'enquêter.

M. Zahawi avait réglé ce qu'il devait au fisc, assorti de pénalités, l'année dernière, pendant son éphémère passage au ministère des Finances dans le gouvernement de l'ancien Premier ministre Boris Johnson.

Il est ensuite devenu, avec l'arrivée de M. Sunak à Downing Street fin octobre, président du parti conservateur et ministre sans portefeuille au gouvernement.

- "Négligence" -

Le conseiller éthique Laurie Magnus a conclu que Nadhim Zahawi aurait dû déclarer l'enquête fiscale dont il faisait l'objet et aurait également dû mettre à jour sa déclaration d'intérêts une fois soldé son litige avec le fisc.

Le différend portait sur la vente par Nadhim Zahawi de parts dans l'institut de sondage YouGov, qu'il avait fondé en 2000, estimées à 27 millions de livres sterling (30 millions d'euros au taux actuel), détenues via une société d'investissement, Balshore Investments, enregistrée à Gibraltar et liée à la famille Zahawi.

Nadhim Zahawi, né de parents kurdes à Bagdad, en Irak et arrivé enfant au Royaume-Uni où il a fait fortune, avait invoqué une "négligence" et non un acte délibéré dans la conduite de cette affaire.

Après 13 ans au pouvoir, les conservateurs ont vu ces dernières années leur réputation entachée par des affaires de conflits d'intérêt, alimentant des accusations de corruption de la part de l'opposition travailliste, largement en tête des sondages à moins de deux ans des prochaines élections générales.

Quand il était ministre des Finances, Rishi Sunak s'était lui-même retrouvé au coeur d'une polémique l'année dernière, après la révélation par la presse que sa richissime épouse Akshata Murty, de nationalité indienne, bénéficiait d'un statut fiscal avantageux, qui lui évitait de payer au fisc britannique des impôts sur ses revenus perçus à l'étranger.

Rishi Sunak avait été exonéré de toute infraction au code ministériel, mais son épouse avait annoncé peu après ces embarrassantes révélations qu'elle renonçait à cet avantage, alors que nombre de Britanniques se trouvaient déjà bien en peine face à la crise du coût de la vie.

Il y a près de 10 jours, Rishi Sunak a écopé d'une amende pour n'avoir pas porté sa ceinture de sécurité alors qu'il tournait une vidéo à l'arrière d'une voiture.

Quand il était ministre des Finances de Boris Johnson, il avait reçu une amende dans le scandale du "Partygate", pour avoir été présent lors d'un rassemblement pour l'anniversaire du Premier ministre, en violation des règles anticovid.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.