Page Précédente

"Revenante" de l'EI: 12 ans requis contre une Française rapatriée en 2022


Jeudi 18 decembre 2025 à 17h39

Paris (France), 18 déc 2025 (AFP) — Une peine de douze années de réclusion a été requise jeudi à l'encontre de Carole Sun, parmi les premières rapatriées des camps du nord-est syrien à être jugées en France, dans un dossier aux éléments d'une "gravité effarante" selon l'avocate générale.

Sur la soixantaine de femmes rapatriées depuis 2022, "c'est la deuxième qui est jugée", a souligné la représentante du ministère public, et à l'"enjeu d'ordre public s'ajoute la massification alors qu'il reste tant de femmes à juger. Nous n'en sommes qu'au début".

Carole Sun, aujourd'hui âgée de 30 ans, est partie en Syrie en juillet 2014 à 18 ans avec son frère d'un an son aîné.

Elle passera trois ans et demi au sein du groupe Etat islamique avant d'être arrêtée en décembre 2017 par les forces kurdes alors qu'elle descend le long de l'Euphrate au moment de la débâcle du groupe jihadiste. Elle est jugée depuis mardi devant la cour d'assises spéciale de Paris.

L'accusée, originaire d'une famille de tradition catholique basée en région parisienne et à l'adolescence marquée par un viol collectif, s'est radicalisée sur les réseaux sociaux.

Dans le box, elle a reconnu "avoir intégré les codes de l'EI" et "avoir "contribué certainement à la propagande" de l'EI. Au sujet des plus de quatre ans passés dans les camps avec ses deux enfants, elle a décrit une "vie radicale qui se propageait" mais s'est défendue d'y avoir été un "porte-parole de Daech".

La "particularité" du dossier, "c'est le "rôle moteur" de l'accusée qui "a traversé les portes de l'enfer les yeux grand ouverts", estime l'avocate générale. "Elle est le noeud par lequel le jihad s'invite dans cette famille, celle par qui sa mère et beau-père se retrouvent impliqués", dans un volet de financement du terrorisme disjoint du dossier et jugé en 2024.

"Par Carole Sun, nous avons fait le tour dans le pires des institutions de l'Etat islamique". A travers son premier mari, Salaheddine Guitone, un "bourreau" qui combat dans une brigade à la sombre réputation. Mais aussi son frère Charly Sun, membre d'une unité de police islamique dirigée par Salim Benghalem, ou son second époux, qui officie dans l'Amni, un service de renseignements.

L'accusée n'a pas été combattante. Mais "il y a une politisation de l'espace privé dans l'EI", a estimé l'avocate générale, qui n'a pas requis de peine de sûreté "car elle s'est investie en détention".

A ce jour, sur les femmes parties sur zone irako-syrienne - plus du tiers des quelque 1.500 Français -, 160 sont rentrées, selon l'avocate générale, et, depuis 2017, 30 ont été jugées.

Lundi, une autre "revenante" rapatriée en juillet 2022 a été condamnée à huit ans d'emprisonnement.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.