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Réunion pour un nouveau gouvernement dans le Kurdistan


Jeudi 29 decembre 2005 à 10h21

BAGDAD, 29 déc 2005 (AFP) — Les tractations politiques pour former le prochain gouvernement doivent reprendre jeudi dans le Kurdistan d'Irak, alors que les manifestations contestant le résultat des élections continuent dans le pays.

Par ailleurs, les ravisseurs du Français Bernard Planche ont transmis une première vidéo, diffusée mercredi par la télévision Al-Arabiya, montrant l'otage menacé de mort "si la France ne met pas fin à sa présence illégitime en Irak".

Les ravisseurs de l'homme, enlevé le 5 décembre à son domicile de Bagdad, se sont présentés comme le "Bataillon de la vigie pour l'Irak".

"Nous allons examiner évidemment les images diffusées par Al-Arabiya et nous allons le faire de façon très approfondie", a déclaré une porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès Romatet-Espagne.

"Rien ne justifie qu'il soit retenu en otage en Irak", a-t-elle dit, soulignant que Paris faisait "son possible" pour le libérer et que "la plus grande discrétion s'imposait sur ce sujet".

Sur le plan politique, le chef de la liste de chiites conservateurs, Abdel Aziz Hakim, rencontre jeudi dans le Kurdistan le président irakien, le Kurde Jalal Talabani, qui défend l'idée d'un gouvernement d'union nationale.

M. Hakim, dont la liste est donnée gagnante, s'est adressé mercredi au Parlement kurde et a rencontré des intellectuels dans le nord de l'Irak. Il a souhaité la reconduction de l'alliance avec les Kurdes pour un nouveau cabinet, en laissant la porte ouverte à la participation d'autres groupes politiques.

Les Etats-Unis ont écarté l'idée de réorganiser des élections législatives et souhaité un gouvernement élargi aux Arabes sunnites.

"Je ne crois pas que la majorité dise qu'il faille refaire les élections parce que l'opinion générale est que ces élections ont été justes, et c'est aussi notre point de vue", a déclaré le porte-parole adjoint de la Maison Blanche, Trent Duffy.

"Jusqu'alors, les vues sur les élections en Irak ont été très positives, aussi bien du côté des Nations unies que d'autres observateurs", a-t-il ajouté.

La contestation des élections s'est poursuivie avec une manifestation à Kirkouk, à 250 km au nord de Bagdad, où des Arabes sunnites et de Turcomans ont dénoncé les résultats annoncés et une tentative de "mainmise kurde sur la ville".

"Non aux fraudes, oui à l'unité", ont scandé les manifestants, brandissant des drapeaux irakiens et turcomans, dans le centre de Kirkouk.

"Longue vie aux Arabes et aux Turcomans", "Honte aux extrémistes et aux fondamentalistes" proclamaient des banderoles, faisant clairement référence aux coalitions chiite conservatrice et kurde.

"Nous défilons pour montrer notre rejet des résultats des élections et lancer un message fort à ceux qui se rencontrent en ce moment dans le nord: pour les Arabes et les Turcomans, Kirkouk est une ville irakienne", a assuré Abdallah Mohsen al-Obedi, un Arabe sunnite.

Kirkouk, habitée par des Kurdes, des Arabes et des Turcomans, a été fortement arabisée sous le régime du président déchu Saddam Hussein et les Kurdes réclament aujourd'hui le retour des déplacés dans la ville pétrolière.

Plusieurs milliers de personnes avaient déjà défilé mercredi à Samarra et mardi à Bagdad et à Tikrit pour dénoncer le scrutin.

La violence s'est poursuivie à Bagdad, avec la mort de quatre policiers tués dans un attentat suicide devant l'entrée du ministère de l'Intérieur.

Les victimes se trouvaient à bord d'un véhicule de patrouille lorsqu'un kamikaze a actionné sa ceinture d'explosifs. Cinq policiers ont été aussi blessés.

Un officier de police a été enlevé, tôt dans la matinée, par des hommes armés, sur une route à l'est de Tikrit, dans le nord de l'Irak.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.