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Reprise du procès de Saddam Hussein


Mardi 31 octobre 2006 à 10h45

BAGDAD, 31 oct 2006 (AFP) — Le procès de Saddam Hussein pour génocide contre les Kurdes a repris mardi matin à Bagdad en présence de l'ancien président irakien et des six autres accusés, mais en l'absence des avocats de la défense, selon les journalistes sur place.

Les avocats commis d'office par le tribunal sont présents dans la salle.

Une nouvelle épreuve de force avait opposé lundi la cour et les avocats de la défense qui ont présenté leurs conditions pour mettre fin au boycottage des débats. Ils sont repartis après avoir essuyé un refus.

La défense boycotte le procès depuis plusieurs semaines à cause des ingérences politiques qui, selon elle, marquent le fonctionnement du tribunal.

Les sept accusés sont jugés pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes militaires d'Anfal, en 1987-1988 dans le Kurdistan irakien, qui ont fait 180.000 morts, selon l'accusation. Tous risquent la peine de mort.

Seuls Saddam Hussein et Hassan al-Majid, ancien chef d'Etat-major pour le nord de l'Irak, sont accusés de génocide. Tous sont poursuivis pour crime de guerre et crime contre l'humanité à l'encontre des Kurdes.

Le premier témoin à intervenir mardi, un homme parlant sous couvert de l'anonymat derrière un rideau, a décrit comment il a assisté à une exécution collective de nuit, organisée dans le désert occidental de l'Irak.

Fait prisonnier pendant la campagne Anfal-3, en avril 1988, il a été emmené, en autobus, avec un groupe de prisonniers kurdes vers l'ouest de l'Irak.

A la lumière d'un projecteur éclairant une tranchée, il a vu l'exécution de 35 Kurdes, poussés ensuite dans la fosse.

"Les gardes ont pris les prisonniers deux par deux et les ont exécutés, tandis que les autres attendaient dans l'autobus. Je les ai vus parce que j'avais réussi à défaire mes liens et le bandeau couvrant mes yeux, en profitant d'une absence du garde", a-t-il expliqué.

"La tranchée était pleine de corps et certaines victimes étaient encore vivantes. J'ai aperçu un garde, portant un uniforme vert, descendre dans la tranchée et tirer dans la tête des survivants en les insultant", a-t-il poursuivi.

Le témoin a affirmé qu'il a réussi à s'enfuir en profitant de l'absence d'un garde et qu'après avoir marché dans le désert pendant une journée, il a atteint la ville de Ramadi (110 km à l'ouest de Bagdad).

Plusieurs témoins ont raconté, au cours des dernières semaines, des scènes d'exécutions de groupes de villageois kurdes, conduits par l'armée irakienne en plein désert pour y être exécutés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.