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Reprise du procès de Saddam Hussein


Mardi 10 octobre 2006 à 09h34

BAGDAD, 10 oct 2006 (AFP) — Le procès de Saddam Hussein, accusé de génocide contre les populations kurdes à la fin des années 1980, a repris mardi matin à Bagdad en présence de l'ancien chef de l'Etat et de ses six co-accusés, selon les journalistes sur place.

Le tribunal avait repris ses travaux lundi après une suspension de deux semaines destinée à apaiser les esprits, Saddam Hussein ayant été expulsé trois fois en une semaine pour refus d'obéissance au juge.

Toutefois, les avocats de la défense boycottent le procès pour protester contre la nomination d'un nouveau juge due, selon eux, à l'intervention du gouvernement.

Quatre kurdes ont témoigné lundi dont une femme qui, s'exprimant anonymement derrière un rideau, a décrit dans quelles circonstances sa famille a disparu lors de l'offensive de l'armée irakienne contre le Kurdistan en 1988. "Je connais le sort de ma famille: ils ont été enterrés vivants", a-t-elle dit après que le juge a déclaré que les cartes d'identité des membres de sa famille avaient été retrouvées dans une fosse commune à Hadhar, près de Mossoul (nord).

L'ancien président irakien et Hassan al-Majid, surnommé Ali le chimique pour son rôle dans les bombardements chimiques des zones civiles, sont accusés de génocide. En outre, tous deux et les cinq autres co-accusés, sont poursuivis pour crime de guerre et crime contre l'humanité contre les Kurdes pour avoir ordonné et exécuté les campagnes militaires d'Anfal, en 1987-1988, qui ont fait plus de 180.000 morts au Kurdistan, selon l'accusation. Tous risquent la peine de mort.

Depuis le début du procès, le 21 août, les témoins décrivent, en des termes similaires, la fuite ou la mort des habitants à la suite de l'attaque de leurs villages aux armes chimiques, la séparation des familles, l'agonie des victimes volontairement mal soignées dans les hôpitaux, les conditions dégradantes de détention dans des prisons sordides du sud de l'Irak. Un témoin a notamment décrit comment les femmes étaient conduites dans le bureau du directeur de la prison de Nugrat Salman (sud) pour y être violées.

Un des avocats de la défense, Khalil al-Doulaïmi, a déclaré dimanche à l'AFP, à Amman, que Saddam Hussein a demandé à ses avocats de boycotter le procès à cause de "l'intervention du gouvernement" irakien, notamment illustrée d'après lui par la révocation, le 20 septembre, de l'ancien juge Abdallah al-Améry, accusé de partialité pour avoir affirmé que Saddam Hussein n'avait pas été un dictateur. Mohammed al-Oreibi al-Khalifa a été nommé pour lui succéder.

M. Doulaïmi a également accusé la cour de ne pas avoir donné assez de temps à l'équipe de défense pour examiner 10.000 documents liés à la campagne d'Anfal.

En l'absence des avocats habituels, la défense de Saddam Hussein et de ses co-accusés est assurée par des avocats commis d'office par le tribunal, mais que les accusés récusent.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.