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Reprise du procès de Saddam Hussein


Mardi 12 septembre 2006 à 09h41

BAGDAD, 12 sept 2006 (AFP) — Le procès de Saddam Hussein et de six de ses lieutenants, accusés de génocide pour la répression des populations kurdes, a repris mardi en milieu de matinée à Bagdad.

Au début de l'audience, la cinquième devant le Haut tribunal pénal irakien qui juge le président déchu et ses lieutenants pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes de répression Anfal, un Kurde a raconté l'attaque de son village dans la région de Soulaimaniyeh, en 1988, et la disparition de sa mère et de ses jeunes soeurs.

Les campagnes Anfal (butin de guerre, selon le titre de la huitième sourate du Coran), auraient fait jusqu'à 180.000 morts au Kurdistan en 1987 et 1988.

Tous les accusés étaient présents dans la salle du tribunal, y compris Ali Hassan al-Majid, surnommé Ali le chimique pour son rôle dans les bombardements chimiques de zones civiles.

Le témoin, Ghafour Hassan Abdallah, qui s'exprimait en kurde, a affirmé qu'après la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, les papiers d'identité de sa famille avaient été retrouvés dans un charnier dans la région de Mossoul.

Ce villageois n'a pas pu cacher sa joie de voir Saddam Hussein enfin jugé pour ses crimes. "Félicitations Saddam, aujourd'hui vous êtes derrière les barreaux", s'est-il exclamé en s'adressant au président déchu avant d'être rappelé à l'ordre par le juge.

Ghafour Abdallah a décrit sa fuite vers l'Iran sous les bombes, son retour au Kurdistan quatre mois plus tard pour retrouver la trace de sa famille. Là, il a été parqué dans un des complexes de logement gouvernementaux.

A force de poser des questions à droite et à gauche, il a appris qu'elles avaient été arrêtées par les militaires irakiens et emmenées à bord de camions. Elles ont été ensuite séparées des autres et leurs traces ont disparu.

"Elles ont été +anfalisées+", a-t-il dit en référence au massacre des Kurdes durant les campagnes d'al-Anfal.

A la quatrième audience lundi, Saddam Hussein a accusé le tribunal de chercher à diviser les Irakiens, en montant les Kurdes contre les Arabes, après avoir été confronté aux témoignages accablants de trois villageois kurdes sur les horreurs commises par son régime au Kurdistan.

Saddam Hussein et ses six coaccusés ont refusé de plaider coupable ou non coupable, à l'ouverture du procès le 21 août.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.