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Renvoi du procès de Muhittin Ulug, accusé d'avoir massacré le petit-ami de sa fille


Jeudi 24 mars 2022 à 12h22

Beauvais, 24 mars 2022 (AFP) — Le procès de Muhittin Ulug, un quinquagénaire franco-kurde accusé d'avoir tué le petit-ami de sa fille, Julien Videlaine, a été renvoyé à une date indéterminée en raison d'une "difficulté déontologique", avant son ouverture prévue jeudi devant les assises de l'Oise.

L'avocat de l'accusé, Me Frank Berton, avait demandé ce renvoi, s'offusquant que l'avocate de la fille de Muhittin Ulug, partie civile, Me Leïla Djebrouni, soit la conjointe du deuxième avocat de la défense, Me Pierre Lumbroso.

"Le procès vient d'être renvoyé par la présidente de la cour d'assises estimant qu'il y avait une difficulté déontologique" à savoir "qu'un avocat et son épouse ne pouvaient pas être à la fois partie civile et en défense", a affirmé Frank Berton à la presse.

Le barreau de Paris "avait dans sa commission déontologique estimé que ce n'était pas possible, que les deux avocats devaient se retirer, ce à quoi l'un des avocats a dit +moi je reste+, dans ces conditions, ce n'est pas possible, on ne peut pas tenir un procès en parfaite sérénité", a-t-il ajouté.

Devant la presse, Me Lumbroso a convenu que la situation n'était pas classique mais a souligné "une relation" qui s'était "tissée" entre Nesrin et sa femme. "Deux époux ne pourraient-ils pas avoir une défense indépendante?", s'est-il interrogé, affirmant qu'il ne "lâcherait pas" son client.

"C'est un désastre pour la justice", s'est indignée Me Justine Devred, avocate de la famille Videlaine.

"Nous attendons depuis huit ans. Nous ne saurons jamais la vérité!", a dénoncé Malika Videlaine, mère de la victime. "C'est honteux! Hier, j'étais hospitalisé pour mon coeur. Il nous tuera tous un par un", a déclaré, écoeuré, son père.

Le 24 juillet 2014, en début de soirée, Julien Videlaine, 20 ans, était retrouvé mort dans la salle de bain du domicile de sa petite-amie, Nesrin (prénom modifié), à Nogent-sur-Oise.

Celle-ci avait alors expliqué aux policiers que son père, qui désapprouvait sa relation avec ce Français aux origines kabyles, mécanicien dans l'armée, l'avait frappé à coups de couteau et s'était enfui.

Ce jour-là, selon l'enquête, le père de famille, restaurateur, devait rentrer tard, une absence mise à profit par le couple, qui se fréquentait depuis deux ans, de se retrouver chez Nesrin.

Mais alors qu'ils prenaient un bain, le père était rentré. Selon l'instruction, il avait crié à sa fille de le rejoindre, mais à sa sortie de la salle de bain, y était entré pour massacrer le jeune homme: 30 plaies par arme blanche ont été dénombrées par le médecin légiste.

Après les faits, l'accusé avait fui en Turquie, dont il n'avait été extradé vers la France qu'en 2019, un an après son arrestation par les autorités turques.

Muhittin Ulug a reconnu avoir tué Julien Videlaine mais a affirmé qu'il pensait que sa fille se faisait agresser.

Si au début de l'enquête Nesrin avait même affirmé que son père l'avait menacée de la tuer si elle ne mettait pas un terme à sa relation, elle avait ensuite changé de version affirmant qu'il ne connaissait pas la victime.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.