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Rennes: sept Irakiens devant les assises pour le meurtre d'un passeur


Mercredi 17 janvier 2024 à 18h35

Rennes, 17 jan 2024 (AFP) — Le procès de sept hommes originaires d'Irak, accusés du meurtre d'un Irakien de 35 ans en 2020 en périphérie du Mans sur fond de règlement de comptes entre groupes de passeurs, s'est ouvert mercredi devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine.

Cinq sont accusés de meurtre en bande organisée, un pour complicité et un dernier pour récidive de meurtre en bande organisée. Aucun de ces sept hommes, assistés par des traducteurs, n'a reconnu les faits pour lesquels ils sont jugés à l'ouverture des débats.

La première journée du procès a été consacrée aux parcours de vie souvent chaotiques de plusieurs accusés.

Certains d'entre eux sont originaires de la ville de Ranya, dans la région du Kurdistan irakien.

Deux sont frères. Le plus âgé, né en 1991, a quitté l'Irak vers 16 ans pour partir seul en Europe par le biais de passeurs. Il a été condamné à deux reprises en France, en 2015 et 2018, dans des affaires liées à des trafics de migrants.

Vêtu d'une tenue de sport, cheveux coupés courts, il s'exprime alternativement en kurde et en français.

Son petit frère, né en 1999, est arrivé en Allemagne avec leurs parents en 2015. Il n'a jamais été condamné en France.

Le troisième accusé à s'exprimer, âgé de 39 ans, est né en Iran, a grandi en Irak et se définit comme Kurde. Il a passé plusieurs années en Angleterre et reconnaît y avoir "fait une bêtise". Son casier judiciaire britannique comprend 12 condamnations pour vol à l'étalage.

Après son arrivée en France en 2012, il travaille comme passeur.

"J'ai gagné pas mal d'argent", dit-il d'un débit rapide. Il reconnaît trois condamnations sur cinq évoquées par le juge, notamment des faits liés à des trafics de migrants. Il a également été condamné en Belgique pour "trafic d'être humains".

Il raconte avoir été blessé par balle fin 2019 par la victime, considérée comme un des principaux acteurs du trafic de migrants autour du Mans.

"Tous les protagonistes avaient un problème avec la victime", a résumé le juge, d'autres accusés ayant eu maille à partir avec cette dernière.

Tous les accusés sont actuellement en détention provisoire. La peine maximale encourue est la réclusion criminelle à perpétuité. La mère et le frère de la victime se sont portés partie civile.

En janvier 2020, des migrants squattaient une ancienne scierie désaffectée au Mans, à une cinquantaine de mètres de la célèbre piste du circuit automobile. Des hommes étaient venus et avaient tué par arme à feu un trentenaire irakien.

Ce n'est pas la première fois que les tribunaux rennais jugent des affaires de passeurs présumés sur fond de luttes pour le contrôle des aires d'autoroute où des migrants s'embarquent dans des camions pour gagner l'Angleterre.

En mars 2022, trente personnes de nationalité irakienne avaient été jugées devant le tribunal correctionnel pour trafic de migrants vers la Grande-Bretagne. Vingt-sept avaient été condamnées à des peines d'emprisonnement.

Le procès doit durer jusqu'au 26 janvier.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.