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"Red heart", film coup de poing sur la condition de la femme au Kurdistan


Dimanche 18 novembre 2012 à 09h56

PARIS, 18 nov 2012 (AFP) — "Red heart", film irako-norvégien mercredi en salles, raconte avec dureté le destin cruel d'une jeune Kurde qui s'enfuit de chez elle avec le fiancé qu'elle s'est choisi pour échapper au mari, retardé mental, que son père voulait lui imposer.

Le spectateur reçoit ce beau film hyper réaliste, relativement court (1h18), comme un coup de poing. L'action se situe dans le Kurdistan irakien, la caméra balaie des panoramas majestueux: montagnes tombant à pic, vallées encaissées, lumières diaphanes, couleurs ocres, jaunes pâles...

On est transporté par la beauté des paysages. La suite de l'histoire apparaîtra, par contraste, d'autant plus tragique et injuste.

Au début, Shirin et Soran, deux jeunes gens de 19 ans, s'aiment en cachette. Lorsque la mère de Shirin meurt, son père cherche une nouvelle épouse. La femme qu'il a choisie lui impose une condition: Shirin devra se marier avec son fils, retardé mental.

Shirin a beau supplier son père, elle doit se soumettre, même si l'islam exige qu'on demande son consentement à la jeune fille, comme le rappelle un mollah. Le soir de son mariage, Soran l'enlève. Les deux amoureux partent sur la petite moto du jeune homme jusqu'à Erbil, la capitale du Kurdistan, espérant y trouver asile.

Mais dans quel hôtel dormir quand la loi du pays interdit à un couple non marié de partager une même chambre? Voilà Shirin et Soran forcés de dormir à la belle étoile. Jusqu'à ce que Soran se fasse arrêter et soit condamné à six mois de prison.

Shirin se retrouve seule. Sans père, sans mari, elle est la proie de tous.

"Red heart" est le premier film d'un jeune Kurde de 26 ans, Halkawt Mustafa, qui a quitté l'Irak, avec sa famille, en 2000, pour la Norvège. Il est depuis devenu citoyen norvégien.

La co-production du film, irako-norvégienne, s'est heurtée à de nombreuses écueils dus aux différences culturelles et difficultés linguistiques. Par exemple, le réalisateur raconte dans le dossier de presse du film que l'interprète de Shirin (Shahen Jamal, actrice de télévision et de courts-métrages célèbre dans son pays) a refusé de s'asseoir à l'arrière d'une moto et de passer ses bras autour de Soran (Soran Ibrahim, également assistant réalisateur sur le film).

Le scénario a dû être remanié plusieurs fois afin que la jeune actrice ne rencontre pas de difficultés avec sa propre famille.

"Red heart" a reçu le prix Henri-Langlois 2012, lors des Rencontres internationales du cinéma de Vincennes.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.