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Réactions mesurées en Irak après l'annonce du plan Bush


Jeudi 11 janvier 2007 à 18h51

BAGDAD, 11 jan 2007 (AFP) — Les principaux partis irakiens ont accueilli jeudi avec un enthousiasme mesuré le nouveau plan du président américain George W. Bush pour l'Irak, qui soumet le Premier ministre Nouri al-Maliki à des obligations de résultats et prévoit le déploiement de 21.500 nouveaux soldats.

Par ailleurs, les autorités du Kurdistan irakien (nord) ont dénoncé un raid de l'armée américaine contre le consulat d'Iran à Erbil et demandé la "libération immédiate" des employés arrêtés, mais le Pentagone a démenti que bâtiment visé ait été un consulat iranien.

"Ce n'est pas un consulat ou un bâtiment gouvernemental", a déclaré un porte-parole, Bryan Whitman, sans être en mesure de préciser la nationalité des six personnes arrêtées mais ajoutant qu'elles étaient "soupçonnées d'être étroitement liées aux activités visant l'Irak et les forces de la coalition".

L'opération, dans laquelle cinq Iraniens ont été arrêtés, selon des sources concordantes irakiennes et iraniennes, a été vivement condamnée par Téhéran, qui l'a qualifiée de "provocation".

Selon la télévision iranienne, le consulat n'avait pas encore d'existence légale, son installation ayant été approuvée par les autorités kurdes, mais pas encore par les autorités de Bagdad.

A Bagdad, Ali al-Dabbagh, le porte-parole du Premier ministre, a réaffirmé que le gouvernement irakien n'avait "pas d'objection" à l'envoi de renforts américains alors que la violence a fait 14 nouveaux morts à travers l'Irak.

"Il est dans l'intérêt des Irakiens d'augmenter le nombre de troupes pour arriver à la stabilité", a-t-il ajouté.

Bassem Ridha, un conseiller de M. Maliki, a pour sa part qualifié de "porteur d'espoir" le plan annoncé par George W. Bush, soulignant cependant que l'Irak est "confronté à des violences confessionnelles qui sont un obstacle majeur".

Le président Bush a annoncé mercredi soir le renfort de 21.500 militaires américains en Irak, dont 17.500 soldats à Bagdad, s'ajoutant aux 132.000 militaires américains déjà présents dans le pays.

Selon M. Bush, le gouvernement irakien (dominé par les chiites) s'est engagé à prendre le contrôle de toutes les provinces irakiennes "d'ici novembre" mais pourrait "perdre le soutien des Américains" s'il ne tient pas ses promesses. "L'engagement des Etats-Unis n'est pas illimité", a-t-il averti.

La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, qui a annoncé la nomination de l'ancien ambassadeur Timothy Carney au poste de coordinateur pour la reconstruction en Irak, ajoutait jeudi que le gouvernement Maliki était "en sursis".

"Nous n'avons pas attendu le président Bush pour essayer de faire de notre mieux. Nous ferons tout notre possible pour sécuriser l'Irak", a répondu le conseiller de M. Maliki.

"Le Premier ministre est déterminé à s'attaquer aux milices, qu'elles soient chiites ou sunnites", a assuré M. Ridha.

Pour sa part, le Parti islamique, principal parti sunnite irakien, traditionnellement opposé à la présence américaine, a reconnu le "besoin de déployer temporairement" des renforts américains.

"Dans toutes les régions où la responsabilité de la sécurité a été transférée aux forces irakiennes, la situation s'est détériorée", a remarqué son porte-parole Ayad al-Sameraïe, tout en rappelant que "le terrorisme et les milices sont les deux faces d'un même problème".

Les sunnites accusent de longue date M. Maliki de ne rien faire contre les milices chiites, responsables d'une grande partie des violences confessionnelles et notoirement infiltrées au sein des forces de sécurité. Ces milices constituent aujourd'hui la principale menace, selon le Pentagone.

"Je ne vois honnêtement rien de nouveau là-dedans, sauf l'augmentation de troupes", a observé l'influent député kurde Mahmoud Othman.

Enfin, le procès des campagnes militaires anti-kurdes sous le régime baassiste, qui auraient fait 180.000 morts, a repris jeudi à Bagdad, "Ali le chimique", cousin de Saddam Hussein, passant au premier plan après l'exécution de l'ancien président irakien fin décembre.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.