Jeudi 6 février 2025 à 21h28
Paris, 6 fév 2025 (AFP) — Le tribunal administratif de Paris a examiné jeudi le refus du Quai d'Orsay de rapatrier 29 enfants de jihadistes, de nationalité française et détenus dans des camps en Syrie, et devrait rendre sa décision dans une quinzaine de jours.
Quelle est la situation dans les pays voisins ?
- France -
169 enfants de jihadistes ont été rapatriés par l'Etat, indiquait en juillet 2023 une source diplomatique à l'AFP.
Sollicité à plusieurs reprises, le ministère des Affaires étrangères n'a pas commenté.
Selon le collectif des Familles unies, au moins 120 enfants et 50 femmes sont encore retenus dans le camp Roj en Syrie.
"Dans ce camp, presque tous les enfants européens sont français", a relevé l'une des avocates du collectif, Marie Dosé, qui s'y est rendue.
"Les autorités kurdes appellent la France à les reprendre", a-t-elle insisté, ajoutant que cinq jeunes majeurs et un mineur français sont aussi incarcérés dans les centres Orkesh, Houri et la prison d'Alaya.
Le collectif estime aussi que de nombreux enfants se trouvent dans la région d'Idlib, dernier bastion rebelle dans le nord-ouest de la Syrie.
- Belgique -
Vingt-six enfants ont été rapatriés par l'Etat belge lors de deux opérations menées en 2021 et 2022, selon les chiffres communiqués par les autorités.
Un petit nombre d'enfants, indéterminé, a aussi bénéficié d'"initiatives individuelles" de proches étant allés chercher les enfants en passant par la Turquie.
Selon la Sûreté de l'Etat, la Belgique comptait fin 2024 "neuf enfants" hébergés avec leurs mères dans les camps d'Al-Hol et Roj. Par ailleurs "48 enfants séjourneraient dans le nord-ouest de la Syrie" dans des familles de Belges identifiés comme Foreign Terrorist Fighters.
Il n'y a pas d'autre rapatriement prévu.
- Pays nordiques -
En Suède, 41 enfants ont été rapatriés par l'Etat, selon le ministère des Affaires étrangères fin septembre 2024. Trois femmes et cinq enfants étaient toujours détenus à Roj, deux femmes et cinq enfants à Al-Hol.
Le gouvernement, soutenu par l'extrême droite, a indiqué à l'AFP ne pas prévoir d'autre rapatriement, estimant que les ressortissants suédois constitueraient une menace s'ils rentraient.
Au Danemark, 19 enfants et 5 femmes ont déjà été rapatriés, selon les données compilées par l'AFP à fin octobre.
Une mère et son enfant de huit ans détenus à Roj ont ainsi été rapatriés en octobre.
Dans ce camp, il reste, selon les autorités, une Danoise et ses deux enfants. Elle n'a pas encore accepté de rentrer, craignant d'être séparée d'eux au Danemark.
En Finlande, 26 enfants et 10 adultes ont été rapatriés, a indiqué à l'AFP le ministère des Affaires étrangères.
"Une dizaine de personnes restent dans les camps, pour la plupart des enfants", a précisé le ministère.
- Balkans -
En Bosnie, 22 mineurs ont été rapatriés et 8 se sont installés dans d'autres pays, a indiqué le ministère de l'Intérieur à l'AFP.
Il reste 78 enfants et adolescents bosniens en Syrie.
Plus précisément, 66 avec leurs mères et un sans parents, se trouvent dans les camps d'Al-Hol et Roj. Onze sont dans la région d'Idlib, toujours d'après le ministère.
24 enfants de pères bosniens morts dans les combats, mais de mères étrangères, ne sont pas éligibles au rapatriement.
En Serbie, l'ONG ASTRA, spécialisée dans le trafic d'être humains et qui suit les cas de citoyens serbes en Syrie, a obtenu pour la dernière fois des données en 2022: elle décomptait alors 26 personnes, 5 femmes et 21 enfants, dans des camps.
Malgré des demandes répétées, l'ONG n'a pu avoir de nouvelles informations des autorités serbes, qui ne répondent ni aux ONG ni aux journalistes.
En Albanie, 29 femmes et 9 enfants ont été rapatriés, selon le ministère de l'Intérieur.
D'après un témoignage à l'AFP de la famille d'une adolescente albanaise se trouvant encore à Al Hol, il resterait une trentaine de jeunes Albanais de moins de 20 ans dans ce camp.
En Macédoine du Nord, 14 enfants ont été rapatriés entre 2018 et 2021, selon un rapport de la Commission européenne. Il n'y a depuis eu aucune communication officielle à ce sujet.
- Autriche -
En août 2019, l'Autriche annonçait le premier rapatriement de deux orphelins, 18 mois et 3 ans, retenus à Al-Hol et remis à leur grand-mère à Vienne.
Deux autres enfants, dont la mère avait accepté de se séparer, ont été rapatriés en 2022.
La justice a ordonné, en octobre 2024, au gouvernement autrichien de rapatrier d'Al-Hol une femme et ses deux enfants, au nom de l'intérêt supérieur de l'enfant. Fin janvier 2025, le gouvernement y travaillait toujours.
A ce jour, moins de 10 Autrichiens vivent dans un camp en Syrie, selon les autorités autrichiennes citées par l'agence APA.
- Royaume-Uni -
Jusqu'en 2022, le gouvernement s'est opposé aux rapatriements.
Entre 2022 et 2024, trois femmes et neuf enfants ont été rapatriés, selon des articles de presse et le tracker "Global Repatriations Tracker". 40 enfants et 30 adultes se trouvent toujours dans les camps, d'après ce tracker.
Les autorités ne communiquent pas à ce sujet.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.