Mercredi 2 février 2022 à 14h26
Beyrouth, 2 fév 2022 (AFP) — La Turquie a mené des frappes aériennes meurtrières contre des positions de rebelles kurdes turcs en Irak et des forces kurdes syriennes en Syrie, cibles d'un assaut jihadiste sanglant fin janvier.
Pays limitrophe de la Syrie en guerre et de l'Irak, la Turquie déploie des troupes dans le nord de la Syrie en guerre depuis 2020 et contrôle des zones avec ses supplétifs syriens.
Selon le ministère turc de la Défense, les raids ont visé mardi soir "des abris, des bunkers, des grottes, des tunnels, des dépôts de munitions et des présumés quartiers généraux et camps d'entraînement", opérés par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Irak et par les Unités de protection du peuple (YPG, forces kurdes syriennes), en Syrie.
Le PKK, groupe rebelle kurde turc, qualifié de "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux, mène une insurrection contre la Turquie depuis 1984. Ankara considère les YPG comme une émanation "terroriste" du PKK en Syrie.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les raids turcs ont frappé en Syrie une centrale électrique près de la ville d'Al-Malikiya dans la province de Hassaké, sous contrôle de l'administration locale kurde.
Les frappes sont survenues quelques heures après des funérailles rassemblant des centaines de personnes dans cette même ville, organisées pour les combattants kurdes tués dans une offensive du groupe jihadiste Etat islamique (EI) contre une prison gérée par les Forces démocratiques syriennes (FDS), dont le pilier sont les YPG, à Hassaké fin janvier.
"Au moins quatre personnes ont été tuées dans l'attaque visant la centrale électrique", a précisé l'OSDH.
- Nouveaux tirs -
Depuis mardi soir, plus de 40 roquettes et obus tirées par les forces turques ont ciblé des zones du nord de la province d'Alep sous contrôle des combattants kurdes, d'après l'ONG.
Mercredi, cinq personnes, dont deux civils, ont péri dans un bombardement contre des quartiers résidentiels de la ville d'al-Bab dans la province d'Alep (nord), sous contrôle des forces turques et de ses supplétifs syriens, a indiqué l'OSDH sans être en mesure de dire dans l'immédiat qui était à l'origine des tirs.
En Irak, dans la région autonome kurde du Kurdistan (nord), "des avions de combat turcs ont visé plusieurs positions du PKK", notamment dans les régions de Makhmour et de Sinjar, selon un communiqué des services antiterroristes du Kurdistan, évoquant "des pertes humaines et matérielles".
"L'aviation militaire turque a bombardé six positions du PKK dans les montagnes de Karjokh", surplombant un camp de déplacés kurdes dans la région de Makhmour, ont-ils précisé.
Un groupe armé lié au PKK qui gère le camp a fait état de "deux combattants tués et de dizaines de blessés parmi les résidents du camp".
- "Prendre action" -
La Turquie a de facto installé plusieurs dizaines de bases militaires depuis 25 ans au Kurdistan irakien. Elle avait lancé en 2021 une nouvelle campagne militaire contre le PKK dans le nord de l'Irak, avec des bombardements aériens récurrents.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan accuse le PKK d'utiliser la zone frontalière montagneuse comme tremplin pour son insurrection.
Ces derniers mois, plusieurs soldats turcs ont été tués dans des attaques dans le nord de l'Irak imputées au PKK.
En Syrie, pays morcelé en raison d'une guerre dévastatrice, les forces turques ont ciblé à plusieurs reprises le YPG.
"La Turquie essaie de continuer ce que l'EI a commencé", ont accusé les YPG sur Twitter, en référence à l'assaut de l'EI qui cherchait à libérer des jihadistes de la prison de Ghwayran.
"Tout le monde doit prendre action contre cette attaque maintenant," ont-ils ajouté.
Les FDS ont annoncé dimanche la fin des opérations de ratissage dans la prison de Ghwayran après plusieurs jours de combats qui ont fait 373 morts dont 268 jihadistes selon l'OSDH.
Soutenues par les Etats-Unis, les FDS sont le fer de lance de la lutte contre l'EI, chassé de ses fiefs en Syrie et en Irak mais qui continue de mener des attaques à travers des cellules dormantes.
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.