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Raids turcs en Syrie et en Irak: plus de 20 combattants kurdes tués


Mardi 25 avril 2017 à 12h29

Beyrouth, 25 avr 2017 (AFP) — La Turquie a mené mardi des raids aériens en Syrie et en Irak qui ont tué plus de vingt combattants de forces kurdes impliquées dans la lutte antijihadistes et soutenues par les Etats-Unis.

L'attaque en Syrie, lancée contre des Unités de protection du peuple kurde (YPG) dans le nord-est du pays en guerre, est l'une des plus meurtrières menées par la Turquie qui qualifie de "terroriste" cette milice.

Elle est intervenue au lendemain de l'entrée des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde composée en grande partie de membres des YPG, dans la ville de Tabqa, un verrou sur le chemin vers Raqa, capitale de facto de l'EI en Syrie.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 18 personnes ont péri dans les frappes turques près de la ville syrienne d'Al-Malikiyah, proche de la frontière turque. "Quinze combattants des YPG et trois membres d'un centre médical ont été tués".

Les YPG ont confirmé des victimes mais sans fournir de bilan. Les raids nocturnes ont visé "une base qui abrite un centre de communication pour les médias et des installations militaires", selon la milice.

- 'Inacceptable' -

Il s'agit, selon l'OSDH, des premières frappes turques en Syrie depuis qu'Ankara a annoncé en mars avoir terminé sa campagne militaire lancée en août dans ce pays voisin pour lutter contre l'EI et combattre les YPG.

La Turquie considère cette milice kurde syrienne comme un allié du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes turcs), sa bête noire. Elle affirme vouloir travailler avec ses alliés, mais sans les YPG à la reconquête de Raqa.

En Irak voisin, l'armée de l'air turque a mené un raid contre des groupes armés locaux qui seraient liés au PKK mais a apparemment tué par accident six membres des forces kurdes irakiennes (peshmergas), selon un responsable.

La frappe turque menée dans la région du Sinjar dans le nord-ouest du pays est "inacceptable", ont dénoncé les autorités du Kurdistan irakien autonome.

L'armée turque a confirmé des raids en Syrie et en Irak, qui visent selon elle à "détruire des repaires des terroristes ciblant notre pays".

"Les opérations vont se poursuivre avec la même détermination, jusqu'à la neutralisation du dernier terroriste", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Sur un autre front en Syrie, douze personnes ont été tuées mardi dans des frappes aériennes contre un village rebelle dans la province d'Idleb (nord-ouest), a indiqué l'OSDH.

- 12 morts à Idleb -

Un premier raid, vraisemblablement russe, a visé le village de Douwaylé et "a causé la mort de 12 personnes, dont au moins deux rebelles et cinq civils", a dit le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

"Puis une seconde escadrille a frappé près d'un dispensaire à Kafr Takharim, au moment où arrivait le convoi transportant les victimes du raid de Douwaylé", a-t-il précisé. "Cette frappe a mis hors service la clinique en raison des dommages causés aux structures et aux équipements".

Il s'agit de la deuxième structure médicale bombardée en quatre jours dans la province d'Idleb. Samedi, un avion avait sérieusement endommagé un hôpital de campagne installé dans une grotte près du village d'Al-Abdine, blessant cinq membres du personnel médical, d'après l'OSDH.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la Syrie est le pays le plus dangereux au monde pour le personnel de santé.

La province d'Idleb, contrôlée par des combattants rebelles et jihadistes depuis deux ans, est régulièrement bombardée tant par l'aviation syrienne que russe.

Début avril, au moins 88 civils ont été tués dans une attaque chimique présumée contre une localité de cette province, Khan Cheikhoun. Selon l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), elle a été menée avec du gaz sarin ou une substance similaire.

Déclenchée en 2011 par la répression sanglante par le régime de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie s'est complexifiée avec l'entrée dans la bataille de milices, de puissances régionales et internationales ainsi que de groupes jihadistes.

Le conflit syrien a fait plus de 320.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.