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Querelle sur le drapeau irakien: le Premier ministre fait face aux Kurdes


Dimanche 3 septembre 2006 à 10h45

BAGDAD, 3 sept 2006 (AFP) — Le Premier ministre Nouri al-Maliki a choisi dimanche l'affrontement, dans la querelle autour du drapeau qui l'oppose aux autorités régionales kurdes, alors que la mise en place d'un Etat-major irakien unifié a encore été retardée en raison d'un différend avec les Américains.

La question très sensible de l'autonomie du Kurdistan irakien et de la tentation séparatiste est revenue au premier plan de la scène politique en Irak dimanche, lorsque M. Maliki a choisi de faire face à ses anciens alliés kurdes.

"Le drapeau irakien actuel doit être hissé sur chaque centimètre de terre irakienne, tant que le Parlement n'aura pas pris de décision à ce sujet, conformément à la Constitution", a affirmé le Premier ministre dans un communiqué.

Il s'agit d'une réponse sans détours à une décision du gouvernement régional du Kurdistan irakien, qui avait décrété lundi que le drapeau kurde flotte seul sur les bâtiments publics de la région automne du Kurdistan irakien, où il était parfois associé au drapeau irakien.

Pressé par les partis sunnites, le Premier ministre, un chiite a pris le risque d'engager un bras de fer sur une question aussi symbolique que sensible.

"Dans les régions où le drapeau baassiste était arboré, nous ordonnons qu'il soit ôté et remplacé par le drapeau kurde", avait ordonné lundi le gouvernement régional kurde.

Le "drapeau baassiste" désigne péjorativement le drapeau irakien, du nom de l'ancien parti unique du régime du président déchu Saddam Hussein, actuellement jugé pour génocide pour sa responsabilité dans les campagnes militaires Anfal au Kurdistan, qui auraient fait jusqu'à 180.000 morts en 1987-1988.

Autonome depuis la fin de la première guerre du Golfe en 1991, le Kurdistan possède ses propres forces armées, les peshmerga, et constitue un havre de paix dans un pays au bord de la guerre civile.

Par ailleurs, la mise en place d'un Etat-major unifié ayant autorité sur toute l'armée irakienne, dépendant auparavant des Etats-Unis, prévue dimanche, a été une nouvelle fois reportée en raison d'un différend entre Irakiens et Américains.

"La cérémonie a été reportée afin de clarifier les termes utilisés dans le document qui définit les rapports et les responsabilités des forces de la Coalition par rapport au nouvel Etat-major irakien", a déclaré à l'AFP le lieutenant-colonel Barry Johnson, porte-parole de l'armée américaine.

"La substance du texte ne pose pas de problème, mais les termes spécifiquement utilisés doivent être précisés. Il a été décidé de reporter la cérémonie plutôt que le document ne soit pas signé par toutes les parties concernées", a-t-il ajouté.

"Ce report n'a aucun impact sur les opérations en cours et nous nous attendons à ce que le document soit signé d'ici quelques jours", a assuré le porte-parole.

L'armée irakienne devait célébrer samedi, puis dimanche, la mise en place d'un Etat-major interarmées, qui aura autorité sur les différentes composantes de l'armée de Terre, de la Marine et de l'armée de l'Air irakiennes, qui représentent un total de 115.000 soldats.

Les forces irakiennes dépendaient jusqu'à présent de l'Etat-major américain.

Enfin, le représentant à Amara du grand ayatollah Ali Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite en Irak, a été assassiné dimanche.

Cheikh Hassan Mohammed Mahdi Al-Jaouadi, 56 ans, a été abattu par des hommes armés devant ses bureaux, à Amara, à 365 km au sud de Bagdad.

Cet assassinat survient au lendemain de déclarations du grand ayatollah Sistani, mettant en garde le gouvernement irakien contre les conséquences d'un échec à assurer la sécurité, qui conduirait les citoyens à se tourner vers les milices confessionnelles pour assurer leur protection.

Des attaques meurtrières, visant tout particulièrement la communauté chiite de Bagdad, ont fait plusieurs centaines de morts cette semaine.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.