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Qualifié d'"éradicateur" par le magazine français Le Point, Erdogan porte plainte


Vendredi 25 octobre 2019 à 11h34

Istanbul, 25 oct 2019 (AFP) — Le président turc Recep Tayyip Erdogan a porté plainte vendredi auprès de la justice turque contre le directeur de l'hebdomadaire français Le Point qui, en Une de son dernier numéro, le qualifie d'"éradicateur" des Kurdes de Syrie.

L'avocat de M. Erdogan, Hüseyin Aydin, a déposé une plainte auprès du bureau du procureur général d'Ankara pour "insulte au chef de l'Etat", a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu.

Cette plainte, qui dénonce une atteinte à l'"honneur et à la dignité" du président turc, vise le directeur du magazine, Etienne Gernelle, ainsi que son rédacteur en chef de la rubrique "International", Romain Gubert.

La Une du Point, qui accuse M. Erdogan de "nettoyage ethnique" contre les Kurdes de Syrie dans le cadre d'une offensive lancée dans le Nord-Est de ce pays le 9 octobre, a suscité l'ire du gouvernement turc.

Jeudi, le porte-parole du président turc, Ibrahim Kalin, s'en est pris sur Twitter à la "France qui a colonisé de nombreux pays africains (...), qui a massacré des milliers de personnes et pratiqué le commerce des esclaves".

La Turquie reproche régulièrement aux pays et aux médias occidentaux de présenter son opération en Syrie comme une "guerre contre les Kurdes".

Ankara soutient que son offensive, suspendue depuis la semaine dernière, ne vise que la milice des Unités de protection du peuple (YPG), qualifiée de "terroriste" par la Turquie, mais soutenue par les pays occidentaux contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Ce n'est pas la première fois que Le Point met en colère les dirigeants turcs. L'an dernier, l'hebdomadaire avait qualifié M. Erdogan de "dictateur", suscitant une avalanche de protestations à Ankara.

La Turquie est régulièrement accusée par des ONG de porter atteinte à la liberté de la presse et la liberté d'expression.

Depuis l'élection de M. Erdogan à la présidence en 2014, plusieurs milliers de personnes ont été poursuivies en Turquie pour "injure au chef de l'Etat".

gkg/ezz/lch

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.