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Protestations contre l'arrestation d'intellectuels en Turquie


Jeudi 3 novembre 2011 à 15h42

ISTANBUL, 3 nov 2011 (AFP) — L'arrestation de deux éminents intellectuels en Turquie, accusés de liens avec la rébellion kurde, a provoqué jeudi des protestations, jusqu'au gouvernement.

Une vingtaine d'intellectuels et d'universitaires se sont rassemblés jeudi matin devant un tribunal d'Istanbul pour protester contre l'arrestation mardi de l'éditeur Ragip Zarakolu et de l'universitaire Busra Ersanli, dont les avocats présentaient une demande de mise en liberté.

"Nous sommes ici parce que nous sommes inquiets. On porte atteinte à la liberté du monde universitaire et scientifique" a déclaré à l'AFP Tahsin Yesildere, qui dirige l'Association des universitaires.

"Nous allons remettre nos pétitions contre ces arrestations, qui sont un scandale au regard de la loi" a déclaré l'avocat Ercan Kanar.

Un tribunal d'Istanbul a fait arrêter mardi 44 personnes, dont les deux intellectuels et plusieurs membres du parti pro-kurde Parti de la paix et de la démocratie (BDP), pour liens présumés avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Ragip Zarakolu, qui est par ailleurs éditorialiste du journal pro-kurde Ozgur Gundem, avait reçu en 2088 le "Prix liberté de publier" de l'Union internationale des Editeurs (UIE).

"L'UIE considère que cet emprisonnement va à l'encontre des obligations de la Turquie en matière de traités internationaux", et "elle demande par conséquent sa libération immédiate", a déclaré l'organisation basée à Genève, dans un communiqué.

"On ne m'a rien demandé sur l'organisation à laquelle on me reproche d'appartenir. On m'a seulement interrogé sur les livres que je vais publier, les discours que j'ai prononcés ou les réunions auxquelles j'ai participé", a déclaré l'éditeur de sa prison, dans une lettre publiée par la presse.

Le ministre de la culture, Ertugrul Gunay, s'est également ému de cette arrestation.

"Je le connais depuis l'école. Je ne connais pas les raisons de cette arrestation. J'aimerais les connaître, parce que jusqu'à présent, je n'ai jamais entendu dire qu'il était lié avec quoi que ce soit de violent", a déclaré le ministre, cité par l'agence Anatolie.

"Nous avons, en tant qu'opinion publique, le droit de savoir", a-t-il ajouté.

Mme Ersanli est une scientifique qui faisait partie des membres du BDP qui se sont réunis récemment avec des représentants du gouvernement, pour envisager une nouvelle constitution pour la Turquie.

Plus de 2.500 Kurdes, dont cinq députés et le fil de M. Zarakolu, Deniz, sont actuellement en prison pour les mêmes motifs.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.