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Protestation au Kurdistan irakien après l'assassinat d'un journaliste


Jeudi 13 mai 2010 à 16h16

SOULEIMANIYEH (Irak), 13 mai 2010 (AFP) — Plusieurs dizaines de journalistes ont protesté jeudi devant une annexe du Parlement kurde à Souleimaniyeh contre l'assassinat récent d'un jeune journaliste, qui fut un critique acerbe des partis au pouvoir dans la région autonome.

Cet assassinat a provoqué la colère d'une grande partie de l'opinion kurde qui a organisé plusieurs manifestations ces derniers jours pour réclamer l'arrestation des coupables.

"Nous poursuivons les manifestations populaires pour demander une enquête et connaître les meurtriers du journaliste Sardasht Osman", a affirmé à l'AFP Kamal Raouf, le rédacteur en chef du journal kurde Oulati.

Sardasht Osman, 22 ans, étudiant en langue et littérature anglaise mais aussi journaliste pour plusieurs publications kurdes, a été enlevé le 4 mai sur le campus de son université à Erbil par des hommes armés. Son corps a été retrouvé plus de 24 heures plus tard avec une balle dans la tête.

"Nous demandons la création d'une commission indépendante pour enquêter sur le meurtre mais nous exigeons aussi la démission du ministre de l'Intérieur (du gouvernement local kurde), Karim Sanjari, et des responsables de la sécurité à Erbil", a ajouté le journaliste.

M. Raouf a également accusé le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) du président de la région autonome, Massoud Barzani, d'être responsable de la mort du journaliste, qui avait sévèrement critiqué le PDK avant qu'il ne soit assassiné.

La présidence du Kurdistan a condamné cet assassinat, affirmant dans un communiqué qu'une "enquête est en cours" et que "les identités des responsables de cette attaque ne sont pas encore claires".

Dans un de ses articles les plus critiques et intitulé "J'aime la fille de Massoud Barzani", publié dans le Kurdistan Post, il condamnait la corruption des dirigeants kurdes, se mettant en scène sous la forme d'un rêve.

"Quand je deviendrais le gendre de Barzani, la nuit de noce se déroulera à Paris et nous visiterons le palais de notre oncle pour plusieurs jours aux Etats-Unis. Nous quitterons nos rues pauvres d'Erbil pour aller vivre dans les beaux quartiers et je serai protégé la nuit par des chiens policiers américains et des gardes israéliens", a-t-il notamment écrit.

Dans un autre récent article, il faisait état des menaces de mort qu'il venait de recevoir.

"Au cours des derniers jours on m'a dit que je n'avais plus longtemps à vivre et que les bouffées d'air que je respirais étaient les dernières", a-t-il écrit. Mais, a-t-il ajouté de manière prémonitoire, "je me fiche de la mort et de la torture et j'attendrai ma mort et le dernier rendez-vous avec mes assassins".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.