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Procès Saddam: un avocat arrêté pour "insulte" au tribunal


Mercredi 29 novembre 2006 à 09h42

BAGDAD, 29 nov 2006 (AFP) — Badie Aref, l'un des avocats de la défense au procès de Saddam Hussein et de six co-accusés, accusés d'être responsables de la mort de 180.000 Kurdes dans les années 1980, a été arrêté mercredi en pleine audience pour avoir "insulté le tribunal".

Le juge Mohammed al-Oreibi al-Khalifa a ordonné l'expulsion et l'arrestation pour 24 heures de Badie Aref, peu après l'ouverture de la 25e audience du procès, accusant l'avocat d'avoir "insulté le tribunal".

Le juge avait auparavant mis en garde à plusieurs reprises l'avocat, qui s'adressait au procureur général en l'appelant "frère".

"J'ai déjà prévenu à deux reprises vos collègues hier, vous devez témoigner du respect au tribunal", a affirmé le juge al-Khalifa, l'invitant à employer des termes juridiques.

Devant une nouvelle incartade, le juge, très nerveux, a ordonné l'expulsion de l'avocat.

"Je vous condamne à être arrêté et détenu pendant 24 heures, pour avoir violé le code de conduite professionnel", a-t-il asséné.

Deux gardes ont aussitôt saisi l'avocat par les bras, pour l'emmener hors de la chambre d'audience du Haut tribunal pénal irakien, à Bagdad. Le juge a ordonné à un avocat commis d'office de le remplacer.

Badie Aref est l'avocat de Farhan al-Joubouri, ancien directeur du renseignement militaire pour l'est de l'Irak.

La plupart des autres avocats, en particulier ceux de Saddam Hussein et de son cousin Hassan al-Majid, dit "Ali le chimique", boycottent le procès depuis l'éviction du précédent juge, en raison de pressions politiques.

Ils sont remplacés par des avocats commis d'office, récusés par les accusés.

Saddam Hussein et six anciens dirigeants sont jugés pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes militaires d'Anfal en 1987-1988 dans le Kurdistan (nord), qui ont fait 180.000 morts selon l'accusation.

Tous risquent la peine de mort, mais seuls Saddam Hussein et Ali le chimique sont accusés de génocide.

L'ancien homme fort de l'Irak a été condamné à mort par pendaison le 5 novembre dans un autre procès, pour l'exécution de 148 villageois chiites de Doujaïl, dans les années 1980, en représailles à un attentat contre le convoi présidentiel.

Une procédure d'appel automatique qui peut prendre plusieurs mois a été engagée. Si le verdict est confirmé par la Cour d'appel du Haut tribunal pénal, la peine doit être appliquée dans un délai de 30 jours.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a publié mi-novembre un rapport sur ce procès, estimant qu'il avait été marqué par tellement d'irrégularités que le verdict devait être annulé.

pool/thm/feb

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.