Mercredi 20 septembre 2006 à 09h33
BAGDAD, 20 sept 2006 (AFP) — La dixième audience du procès de Saddam Hussein, accusé de génocide contre les populations kurdes, s'est ouverte mercredi dans une ambiance mouvementée sous la présidence d'un nouveau juge, qui a ordonné au président déchu de quitter la salle.
Saddam Hussein a interpellé le nouveau juge, Mohammad al-Oreibi al-Majid al-Khalifa, qui a remplacé Abdallah al-Amery, révoqué mardi par le gouvernement pour partialité, en lui disant : "Votre père était un garde de sécurité.
Le juge a aussitôt réagi en ordonnant : "Saddam, hors de la salle du tribunal". L'ancien dictateur a alors été escorté dehors par des gardes.
Les avocats de la défense avaient peu avant protesté contre la révocation d'Abdallah al-Amery et annoncé leur retrait de l'audience.
Avant de quitter la salle, Me Wadoud Faouzi a lu un communiqué au nom de l'équipe de défense, condamnant l'ingérence du gouvernement dans le procès.
"Le juge au premier procès de Saddam Hussein, le Kurde "Rizkar (Amine) a été contraint de démissionner sous la pression du gouvernement. Nous voulons souligner que le gouvernement s'ingére dans le procès. Nous ne pouvons continuer de faire notre travail de façon convenable. Pour ces raisons, nous avons décidé de nous retirer. Nous ne voulons pas d'ingérence du gouvernement dans ce procès et nous ne reviendrons dans la salle que si ces conditions sont satisfaites", a-t-il dit.
Après le retrait des avocats de la défense, six avocats ont été commis d'office.
Deux coaccusés de Saddam Hussein ont demandé de quitter la salle après son départ, dont Ali Hassan al-Majid, surnommé Ali le chimique pour son rôle dans les bombardements chimiques au Kurdistan.
Mais le juge leur a ordonné de rester, en affirmant: "Vous ne pouvez sortir sans ma permission et je ne vous la donne pas".
Après ce coup de théâtre, l'audience a repris avec l'audition d'un témoin, une vieille femme kurde.
Depuis l'ouverture de ce procès le 21 août, 24 personnes ont apporté leurs témoignages sur les atrocités des bombardements chimiques au Kurdistan lors des campagnes militaires d'al-Anfal.
Saddam Hussein et ses lieutenants sont accusés d'avoir ordonné et exécuté la répression des populations kurdes dans le cadre de ces campagnes en 1987-1988 qui auraient fait plus de 180.000 morts.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.