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Prison avec sursis requise contre un policier pour violences sur un manifestant


Mardi 1 octobre 2024 à 21h06

Marseille, 1 oct 2024 (AFP) — Le parquet de Marseille a requis mardi huit mois de prison avec sursis et une interdiction d'exercer sur la voie publique pendant un an contre un policier pour des violences illégitimes commises sur un manifestant kurde.

Ce fonctionnaire avait déjà été condamné, le 31 mai par la même chambre correctionnelle, à six mois de prison avec sursis pour des faits similaires, cette fois-là sur un jeune couple en marge d'une manifestation pour les retraites. Condamnation dont il a fait appel.

En poste depuis décembre 2023 dans une Brigade territoriale de contact de Bobigny, l'ancien policier marseillais se voit reprocher "un coup de poing porté au visage d'un manifestant qui n'était ni nécessaire ni proportionné".

Les faits s'étaient déroulés le 24 décembre 2022, au terme d'une violente manifestation organisée à Marseille, au lendemain de l'assassinat de trois Kurdes à Paris.

La procureure Sylvie Odier a concédé au prévenu "une erreur de bonne foi" quand celui-ci avait cru identifier en fin de manifestation Mustafa I. comme l'un des auteurs de jets de projectiles sur les policiers, plus tôt dans l'après-midi.

Les images de la caméra piéton d'un commissaire montrent ce carreleur kurde marchant, seul, tranquillement. "Dans mon souvenir, il court", a assuré le policier au tribunal.

"L'interpellation est justifiée mais n'est pas proportionnée", a estimé la procureure, la victime ayant d'emblée reçu au visage deux violents coups à l'origine d'une fracture du nez et d'importants saignements.

Le carreleur qui s'est constitué partie civile ne se souvient pas des faits en raison d'un "blackout". Lorsque le policier s'était précipité vers lui, il avait levé les mains comme pour signifier qu'il n'avait rien à se reprocher.

Mais pour le policier, "il s'est mis en garde en avançant vers moi. J'ai dû le repousser avec le plat de la main et pour moi, c'est dans la chute qu'il se blesse".

Des plaies au visage en tombant en arrière ? interroge la présidente du tribunal. "Moi je sais que ça ne vient pas de moi. Je n'ai pas vu mais peut-être quelqu'un a donné un coup de matraque".

La procureure a pointé "un problème de comportement" du fonctionnaire en raison des deux procédures le visant sur une durée de quatre mois.

Il était également poursuivi pour avoir établi un faux procès-verbal d'interpellation, évoquant une rébellion et sur la base duquel Mustafa I. avait été placé en garde à vue.

Pour l'avocate du policier, Me Julie Mulateri, qui a réclamé sa relaxe, "nous sommes à la veille de Noël, il n'y a personne mais il n'est pas formé à la rédaction de procès-verbaux".

Le tribunal rendra sa décision le 25 novembre.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.