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Pologne: grève de la faim de demandeurs d'asile kurdes dénonçant leur rétention


Vendredi 27 mai 2022 à 15h37

Varsovie, 27 mai 2022 (AFP) — Dix Kurdes, demandeurs d'asile en Pologne, ont entamé vendredi leur 24e journée de grève de la faim, accusant l'Etat polonais de lenteurs de procédures et de conditions de rétention "dignes d'une prison", a-t-on appris auprès des grévistes et des garde-frontières.

"La grève a commencé le 4 mai", a déclaré à l'AFP Dagmara Bielec, une porte-parole des garde-frontières, précisant qu'il s'agissait de six ressortissants irakiens et de quatre ressortissants turcs ayant demandé à la Pologne la protection internationale et qui séjournent dans un centre fermé pour étrangers à Lesznowola, près de Varsovie.

La Pologne, qui a accueilli à bras ouverts plus de 3,5 millions d'Ukrainiens fuyant l'invasion russe, n'a pas changé sa politique très restrictive face aux migrants et réfugiés d'autres pays, notamment ceux venant de Moyen Orient, via le Bélarus.

Contacté au téléphone, un représentant des grévistes de Lesznowola a indiqué que neuf d'entre eux étaient arrivés en Pologne depuis le Bélarus et qu'ils restaient "enfermés" dans ce centre depuis plusieurs mois.

Selon cet homme, qui a préféré garder l'anonymat, les grévistes sont "très affaiblis, certains ayant commencé à refuser toute boisson".

Selon Mme Bielec, "le personnel du centre continue à discuter avec les grévistes de leur situation légale et sociale, tentant notamment de les convaincre d'abandonner la grève de la faim (...), mais sans résultat".

Mis à part les lenteurs des procédures administratives et l'enfermement, les grévistes dénoncent des difficultés à contacter des avocats, l'accès restreint à l'internet et au téléphone, et de mauvaises conditions alimentaires.

Selon nombre d'ONG, la Pologne poursuit à la frontière polono-bélarusse la politique controversée de refoulements de migrants mais aussi des poursuites judiciaires contre des militants tentant de leur venir en secours.

La Pologne a instauré depuis septembre à la frontière une zone fermée, y compris aux journalistes et aux organisations humanitaires. Le gouvernement y a envoyé plusieurs milliers de soldats et construit une imposante barrière pour environ 350 millions d'euros.

L'attitude des autorités polonaises face aux migrants - dont certains sont des réfugiés fuyant des conflits armés -, aux organisations humanitaires et aux journalistes à la frontière avec le Bélarus a été dénoncée, mais sans effet visible, par des représentants de l'ONU, de la Commission européenne et du Conseil de l'Europe.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.