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Poitiers: procès d'un réseau de passeurs présumés de migrants


Lundi 2 septembre 2019 à 17h22

Poitiers, 2 sept 2019 (AFP) — Le procès de 13 personnes dont plusieurs Kurdes irakiens, membres préumés d'un réseau de passeurs de migrants vers l'Angleterre, a débuté lundi au tribunal correctionnel de Poitiers, plus de deux ans après une spectaculaire fusillade sur l'A10, qui avait lancé l'enquête.

Les prévenus, dont six sont présents -quatre sont en fuite, trois sous contrôle judiciaire ne se sont pas présentés- sont jugés pour aide au séjour irrégulier en bande organisée, violences avec arme, transport d'armes de guerre, détention de faux documents et refus d'obtempérer. La qualification de tentative de meurtre en bande organisée a été abandonnée au cours de l'instruction.

L'enquête avait débuté en juin 2017, après une fusillade nourrie en pleine nuit sur l'aire de service de Poitiers-Chincé (Vienne) sur l'A10 vers Paris. La fusillade n'avait fait aucun blessé, mais quatre poids-lourds avaient été touchés par des projectiles, trois autres s'étaient fichés dans la structure d'une station-service. Les gendarmes avaient relevé pas moins de 67 étuis de munition 9 mm et 7.65 mm.

Rapidement, l'enquête s'orientait vers une confrontation armée entre groupes de passeurs de migrants, embarqués de nuit, le long de l'A10, à l'arrière de camions ralliant l'Angleterre.

Sur les 13 impliqués présumés figurent deux Roumains, un Niortais, et 10 Kurdes irakiens. Ces derniers sont présentés comme les principaux protagonistes d'un réseau très organisé.

Selon l'ordonnance de renvoi, dont l'AFP a pris connaissance, le système à la logistique sophistiquée prévoyait des Audi et des BMW avec des jeux de plaques d'immatriculation britanniques, de faux titres de séjour et des comptes en banque basés en Angleterre ou au Kurdistan qui servaient aux passeurs à payer les nuits d'hôtels sur les autoroutes.

Une semaine après la fusillade, la découverte d'un fourgon avec à bord sept migrants Iraniens et Irakiens, des armes, faisait progresser l'enquête. L'ADN, des images de vidéosurveillance d'autoroutes et hôtels, les flashes de radars automatiques, la géolocalisation des portables permettaient de remonter jusqu'aux suspects. Des interpellations s'échelonnaient jusqu'en novembre 2018.

A l'audience, les prévenus, âgés de 21 à une trentaine d'années, ont cherché à minimiser leur rôle, indiquant, comme en auditions, qu'ils "donnaient un coup de main" logistique pour faire passer des compatriotes et n'avaient rien à voir avec la fusillade de l'A10.

"Je suis juste un exécutant", a ainsi assuré Mirkha, l'un d'eux. "Il y a des personnes beaucoup plus importantes que moi en Angleterre mais je ne les ai jamais vues".

En auditions toutefois, certains avaient chargé les absents et expliqué que la fusillade de l'A10 intervenait après un différend sur la répartition des aires de repos. Le chef présumé du réseau avait cinq aires "en concession" mais un conflit l'opposait à un concurrent. De premiers "règlements de compte" avaient eu lieu peu auparavant vers Niort et Châtellerault.

Le procès doit durer jusqu'à vendredi.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.