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Plus de dix mois d'impasse politique en Irak


Lundi 29 août 2022 à 14h29

Bagdad, 29 août 2022 (AFP) — L'Irak, où l'influent leader chiite Moqtada Sadr a annoncé lundi son "retrait définitif" de la politique, est dans une impasse institutionnelle depuis plus de dix mois.

- Législatives anticipées -

Le 10 octobre 2021, les Irakiens votent pour des élections législatives anticipées d'un an, une concession au mouvement de contestation ayant émergé fin 2019 contre la corruption et l'effritement des services publics.

Le scrutin, marqué par une forte abstention, renforce l'assise parlementaire du leader chiite Moqtada Sadr.

Ses adversaires du Hachd al-Chaabi, anciens paramilitaires pro-Iran désormais engagés en politique sous la bannière de l'Alliance de la conquête, enregistrent un fort recul et dénoncent une "fraude" électorale.

- Tentative d'assassinat -

Les semaines qui suivent sont marquées par des tensions larvées. Les partisans du Hachd-al-Chaabi organisent un sit-in à l'une des entrées de la Zone verte, tentant parfois de pénétrer par la force dans ce secteur ultrasécurisé accueillant instances gouvernementales et ambassades.

Le 5 novembre, un manifestant est tué par balles à Bagdad lors de heurts opposant les forces de sécurité à plusieurs centaines de partisans de groupes pro-Iran.

Dans la nuit du 6 au 7, le Premier ministre Moustafa al-Kazimi, réchappe d'une tentative d'assassinat commise au moyen d'un "drone piégé" ayant visé sa résidence dans la Zone verte. L'attaque n'est pas revendiquée.

- Tractations -

Parallèlement, des négociations s'engagent sur la formation du gouvernement.

Les grands partis dominant la communauté chiite, majoritaire en Irak, doivent traditionnellement arriver à un compromis, indépendamment du nombre de députés.

Mais Moqtada Sadr réclame un gouvernement composé des formations politiques ayant obtenu les scores les plus élevés, affirmant que le futur Premier ministre sera désigné par son courant, allié à deux formations sunnites et un parti kurde.

Jusqu'à la désignation de son successeur, le Premier ministre Moustafa Kazimi est chargé d'expédier les affaires courantes.

- Résultats définitifs -

Le 30 novembre, les résultats définitifs des élections confirment la victoire du courant sadriste, qui devient le premier bloc au parlement avec 73 sièges (sur 329).

L'Alliance de la conquête remporte 17 sièges contre 48 dans l'assemblée sortante.

- Séance inaugurale houleuse -

Le 9 janvier 2022, le nouveau parlement réélit son président, le sunnite Mohammed al-Halboussi, lors d'une séance inaugurale marquée par des altercations entre députés.

Son élection est boycottée par le "Cadre de coordination", alliance qui regroupe plusieurs partis autour des pro-Iran de l'Alliance de la conquête.

- Echecs de l'élection du président -

Le 7 février, puis les 26 et 30 mars, le Parlement échoue, faute de quorum, à organiser l'élection du président de la République.

L'élection du chef de l'Etat, poste largement honorifique et traditionnellement réservé à un Kurde, est la première étape avant la désignation du Premier ministre et la formation du gouvernement.

- Démission des sadristes -

Le 10 juin, les 73 députés sadristes démissionnent afin de faire pression pour qu'avance la formation du gouvernement.

Les candidats arrivés en deuxième position héritant des sièges vacants, 64 nouveaux députés prêtent serment le 23 juin. Le Cadre de coordination devient la force la plus importante dans l'hémicycle.

- Candidat désigné -

Le 25 juillet, Mohamed Chia al-Soudani, ancien ministre et ex-gouverneur de province âgé de 52 ans, est choisi comme candidat au poste de Premier ministre par le Cadre de coordination.

- Invasion du Parlement -

Le 27 juillet, des partisans de Moqtada Sadr prennent brièvement d'assaut le Parlement situé dans la Zone verte. C'est le début d'une série de coups d'éclat du leader chiite qui, le 3 août, réclame la dissolution du Parlement et des élections législatives anticipées.

Sans fermer la porte, le Cadre de coordination pose ses conditions à cet hypothétique scrutin et exige au préalable un gouvernement de transition.

Le 12, les partisans du Cadre de coordination entament à leur tour un sit-in à Bagdad pour "accélérer la formation du gouvernement".

- "Retrait définitif"

Le 17, Moqtada Sadr boycotte une réunion des forces politiques convoquée à l'initiative du Premier ministre.

Dix jours plus tard, il propose que "tous les partis" en place depuis la chute de Saddam Hussein, dont le sien, renoncent aux postes gouvernementaux qu'ils détiennent.

Le 29, le leader chiite annonce son "retrait définitif" de la politique et la fermeture de toutes les institutions liées à son mouvement.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.