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Plainte yézidie contre le gouvernement allemand


Mercredi 29 mai 2019 à 13h50

Berlin, 29 mai 2019 (AFP) — Une association de la minorité kurdophone des Yézidis a porté plainte contre deux ministres allemands auxquels elle reproche de ne pas faire assez d'efforts en vue de rapatrier en Allemagne des combattants de l'organisation Etat islamique (EI) afin de les juger.

"Par le refus du transfert d'un citoyen allemand détenu par l'administration autonome du nord et de l'est de la Syrie pour le poursuivre pénalement", les ministres de la Justice et de l'Intérieur contribuent à "entraver" la possibilité d'une condamnation en justice ou, à tout le moins, à la "ralentir", a écrit dans un communiqué transmis mercredi à l'AFP l'Association du conseil des femmes yézidies, à l'origine de la plainte.

Le gouvernement à Berlin a plusieurs fois affirmé vouloir s'assurer du jugement des ressortissants jihadistes allemands encore en Syrie, tout en soulignant que leur rapatriement était très difficile.

"Une coopération juridique n'est pas possible parce qu'il n'y a pas de structure étatique", a expliqué à l'AFP un porte-parole du ministère de la Justice.

"Nous n'avons pas reçu la plainte, nous ne pouvons donc pas nous exprimer à ce sujet", a-t-il ajouté, précisant que 22 mandats d'arrêt ont été émis contre des combattants allemands détenus en Syrie.

Les autorités allemandes ont déjà récemment traité avec des forces kurdes, non en Syrie mais en Irak, le pays voisin. Dans le cas d'un Irakien accusé du meurtre d'une adolescente allemande, le chef de la police fédérale était directement allé au Kurdistan irakien pour négocier sa remise l'an passé.

Selon de récents chiffres du ministère de l'Intérieur, une soixantaine de combattants allemands de l'EI sont actuellement prisonniers des Forces démocratiques syriennes (FDS), constituées de combattants kurdes et arabes.

Les Yézidis ont fui en masse l'Irak après avoir été persécutés par l'EI lorsque les jihadistes ont envahi en 2014 de larges pans du nord de ce pays, dont ils ont été chassés ces derniers mois.

Des milliers de femmes et adolescentes ont alors subi de terribles exactions, telles que des viols, des enlèvements et des traitements inhumains, dont l'esclavage, estimait l'ONU fin août.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.