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PKK: Öcalan pourrait appeler à un cessez-le-feu en cas d'"approche sincère"


Vendredi 11 août 2006 à 17h22

ANKARA, 11 août 2006 (AFP) — Le chef séparatiste kurde emprisonné Abdullah Öcalan a annoncé qu'il pourrait appeler ses militants à déclarer un cessez-le-feu si Ankara affichait une "approche sincère" pour la résolution du conflit, a rapporté une agence pro-kurde vendredi.

"Il est possible d'arrêter l'effusion de sang (...) Si le gouvernement affiche une position sincère nous ferons ce qui est en notre pouvoir. J'appellerai au cessez-le-feu et les affrontements cesseront", a déclaré le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), cité par l'agence de presse Firat, basée en Allemagne.

Ces déclarations ont apparemment été transmises à l'agence par les avocats d'Öcalan, qui selon cette source, auraient rencontré le chef séparatiste dans sa prison sur l'île d'Imrali (nord-ouest), où il purge depuis 1999 une peine de prison à vie pour trahison.

Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.

"Nos demandes sont très claires (...) Nos enfants devraient être éduqués dans leur langue maternelle, et (pouvoir) écouter la radio, regarder la télévision et lire les journaux" en kurde, a dit Abdullah Öcalan.

Désireuse d'affermir sa crédibilité en tant que régime démocratique en vue d'une adhésion à l'Union européenne, la Turquie a autorisé la diffusion de quelques programmes radio et télévisés et la publication de journaux en kurde ainsi que l'enseignement, à titre privé, de la langue kurde.

Mais la Constitution turque interdit l'utilisation d'une autre langue que le turc, seule langue officielle, dans les établissements d'enseignement public.

Öcalan a déclaré que si Ankara prenait "des mesures pratiques et donnait certaines garanties" après un éventuel cessez-le-feu du PKK, les rebelles se retireraient en Irak ou dans un autre pays.

"A l'étape finale, les armes seraient déposées pour de bon, dans le cas où une garantie juridique serait donnée", a-t-il souligné, dans ce qui a semblé être une allusion à une demande d'amnistie pour les membres du PKK.

"Un dialogue démocratique est nécessaire pour (aboutir à) une solution permanente", a estimé M. Öcalan.

"Vous ne pouvez pas en finir avec le PKK en suppliant les Etats-Unis et en coopérant avec l'Iran et la Syrie", a-t-il poursuivi.

La Turquie a menacé le mois dernier d'intervenir militairement contre les camps du PKK dans le nord de l'Irak, si Bagdad et Washington n'agissaient pas.

La Turquie se plaint de longue date de l'inaction de Bagdad et de Washington face au PKK, qui utilise ses camps en Irak comme des bases arrières pour ses attaques dans le sud-est anatolien.

Les combats se sont intensifiés cette année entre les forces de sécurité et le PKK, qui revendique l'indépendance du sud-est anatolien à majorité kurde. Le conflit a fait plus de 37.000 morts depuis 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.