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PKK: Le Parlement turc vote une loi disculpant les services secrets


Vendredi 17 février 2012 à 07h25

ANKARA, 17 fév 2012 (AFP) — Le Parlement turc a adopté dans la nuit de jeudi à vendredi un texte de loi controversé présenté par le parti gouvernemental qui disculpe des responsables des services secrets, accusés par la justice d'avoir outrepassé leurs fonctions en engageant des négociations secrètes avec les rebelles kurdes.

Les services de renseignement (MIT), placés sous l'autorité directe du Premier ministre, ont refusé la semaine dernière de répondre aux convocations du parquet d'Istanbul au sujet de contacts inédits entrepris avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Aux termes du texte adopté grâce à l'écrasante majorité des députés du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), lors d'une séance houleuse, les agents secrets ne seront plus inquiétés par la justice pour leur rôle dans des activités ordonnées par le chef du gouvernement et ce pour les enquêtes judiciaires en cours aussi.

L'enquête avait été ouverte après la révélation en 2011 de négociations entre des agents du MIT et des représentants du PKK à Oslo. L'opposition a accusé le gouvernement de chercher secrètement la paix avec les rebelles kurdes.

Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, admet l'existence de tels pourparlers mais assure qu'ils sont menés par l'Etat et non par le gouvernement. Son vice-Premier ministre, Bekir Bozdag, a jugé que le MIT n'a commis aucune faute avec ses contacts ou ses tentatives d'infiltration.

Le parquet avait cité à comparaître le chef du MIT, Hakan Fidan, nommé personnellement par M. Erdogan, ainsi que deux ex-cadres.

La presse et l'opposition interprètent ces convocations comme les signes d'une lutte d'influence entre les services secrets fidèles à M. Erdogan, d'une part, et la police et la justice d'autre part.

Le procureur qui a lancé l'enquête a été dessaisi.

Les observateurs estiment que la disposition votée à la hâte par la majorité gouvernementale a pour but d'empêcher que l'enquête ne monte jusqu'au Premier ministre lui même.

Le PKK, considéré comme un mouvement terroriste par la Turquie et de nombreux pays, a pris les armes en 1984. Le conflit a fait au moins 45.000 morts, selon l'armée.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.