
Mercredi 30 juin 2010 à 16h18
ERBIL (Irak), 30 juin 2010 (AFP) — Le Kurdistan irakien a critiqué mercredi les actions militaires "unilatérales" d'Ankara contre les bases arrières des rebelles kurdes du PKK en Irak, mais estimé que ces tensions ne devaient pas nuire au développement des relations commerciales avec la Turquie.
"L'essentiel est la coordination sur les questions de sécurité. Nous rejetons toute action de nature à compliquer les relations entre les Kurdes de cette région et la Turquie", a déclaré le Premier ministre de la région autonome du nord de l'Irak, Barham Saleh, en recevant une délégation de 200 hommes d'affaires turcs.
Mais il s'est également efforcé de rassurer Ankara.
"Nous sommes déterminés à faire respecter la loi et nous ne souhaitons pas que la région du Kurdistan soit une source de menace pour quiconque, a-t-il ajouté. La sécurité de cette région doit être maintenue par la coopération bilatérale parce que les actions unilatérales ne profiteront à personne."
La Turquie a mené ces dernières semaines plusieurs raids aériens et deux offensives terrestres contre les bases arrières dans le nord de l'Irak du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte pour l'autonomie des régions kurdes du sud-est de la Turquie.
Le PKK a multiplié en juin ses attaques contre les forces turques, tuant du 19 au 23 juin 18 soldats et deux civils dans le sud-est du pays et dans un attentat à la bombe à Istanbul.
Washington a oeuvré en faveur d'une meilleure coopération en matière de sécurité entre Ankara et Bagdad par le biais d'une commission impliquant les trois capitales, qui s'est réunie mardi dans la ville turque de Silopi, à la frontière.
Il s'est agi de la première réunion entre les commandements irakien et turc chargés des frontières, a noté mercredi l'armée américaine dans un communiqué à Bagdad.
"Chaque partie a décidé de se réunir régulièrement", indique le texte, qui souligne que les militaires ont visité des postes frontières de part et d'autre.
"Nous voulons bâtir de solides relations économiques avec le Kurdistan, ce qu'a montré la récente ouverture d'un consulat turc à Erbil", a déclaré le ministre turc chargé du Commerce extérieur Zafer Caglayan, à la tête de la délégation.
Il a notamment assisté à l'inauguration à Erbil d'une antenne de l'Université Bilkent, un institut privé.
Avant sa visite, M. Caglayan avait émis l'espoir que le développement des échanges bilatéraux permette d'apaiser les tensions autour des rebelles kurdes, selon le journal turc Milliyet.
Les entreprises turques sont actuellement très présentes dans certains secteurs de l'économie du Kurdistan autonome et les échanges commerciaux entre la Turquie et la région autonome ont progressé de 30% en 2009, sur un an.
"L'importance de cette délégation (turque) est une preuve de la confiance de la Turquie dans l'avenir du Kurdistan qui est une région stable et sûre", avait déclaré mardi soir M. Saleh.
Ferda Cemiloglu, une femme d'affaires turque qui travaille au Kurdistan irakien depuis près de 20 ans, a salué la présence ministérielle au sein de la délégation: "Cette visite est un pas important et courageux. Elle aurait dû avoir lieu il y a 20 ans", quand le Kurdistan irakien a acquis son autonomie dans la foulée de la Guerre du Golfe.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.