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PKK : la Turquie hausse le ton avant de recevoir une délégation irakienne


Jeudi 25 octobre 2007 à 15h28

ANKARA, 25 oct 2007 (AFP) — La Turquie a fustigé jeudi les appels à la retenue américains et averti qu'elle était déterminée à chasser du nord de l'Irak les séparatistes kurdes turcs qui y sont repliés, peu avant d'accueillir une délégation irakienne pour évoquer leur sort.

En visite à Bucarest, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a vivement critiqué les appels à la modération de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice après une attaque sanglante des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui opèrent depuis le territoire irakien.

"Bien sûr qu'elle (Mme Rice) peut souhaiter que la Turquie n'organise pas d'opération en dehors de ses frontières mais la décision sur la nécessité d'une telle intervention nous appartient", a déclaré M. Erdogan.

"Est-ce que les gens ne se demandent pas ce que les Américains sont venus chercher en Irak, à 10.000 km de chez eux, a-t-il dit. Moi je suis dérangé (par le PKK). En quoi étaient les Américains étaient-ils dérangés par l'Irak?", a-t-il lancé.

Il a assuré que son pays était déterminé à franchir le pas d'une éventuelle intervention dans le nord de l'Irak dès que "la situation l'imposera".

A Ankara, le président turc Abdullah Gül a aussi tenu des propos très fermes. "Notre patience est à bout et nous ne tolérerons pas que le sol irakien soit utilisé pour des activités terroristes", a-t-il averti lors d'une réunion des pays riverains de la mer Noire.

Un haut responsable américain qui participait à cette rencontre, a assuré que Washington s'efforçait d'obtenir la libération de huit soldats turcs faits prisonniers dimanche par le PKK au cours d'une attaque qui a fait 12 morts dans les rangs de l'armée turque.

"Nous faisons ce que nous pouvons, avec les gouvernements turc et irakien pour que les otages soient libérés", a déclaré Matthew Bryza, secrétaire d'Etat adjoint pour les affaires européennes et d'Eurasie.

"Nous avons pris toute une série d'engagements pour éliminer la menace terroriste du PKK. Nous tiendrons nos promesses", a-t-il ajouté.

L'attaque de dimanche, qui a aussi fait 34 morts parmi les rebelles, a considérablement augmenté la pression en faveur d'une intervention militaire d'Ankara contre le PKK qui se sert du Kurdistan irakien comme base arrière.

Le Parlement turc a autorisé la semaine dernière le recours à une intervention armée dans le nord de l'Irak pour contrer le PKK.

L'état-major turc a annoncé jeudi que ses troupes avaient repoussé mardi soir une nouvelle attaque des rebelles près de la frontière irakienne.

"Le groupe de terroristes a été soumis à un tir nourri d'artillerie, de blindés et d'autres armes lourdes", a affirmé l'état-major dans un communiqué, ajoutant que "plus de 30 terroristes ont été neutralisés" --c'est-à-dire vraisemblablement tués-- au cours de l'affrontement.

C'est dans ce climat de tension qu'une délégation irakienne de sept membres était attendue jeudi à 14H00 GMT à Ankara, selon des sources diplomatiques irakiennes, pour tenter d'éviter une intervention unilatérale turque dans le Kurdistan irakien.

Le ministère turc des Affaires étrangères s'est dit jeudi dans l'impossibilité de donner des détails sur cette visite, mais le chef de la diplomatie Ali Babacan avait prévenu mardi qu'"une délégation irakienne, si elle vient en Turquie", devait "arriver avec des propositions concrètes".

"Sinon, une telle visite n'a aucun sens", avait-il averti.

Le diplomate en chef de l'Union européenne Javier Solana a pour sa part appelé jeudi la Turquie à la retenue, en soulignant que l'intégrité territoriale de l'Irak était "fondamentale".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.