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PKK : Erdogan soulagé, la presse évoque des opérations ciblées


Mardi 6 novembre 2007 à 11h53

ANKARA, 6 nov 2007 (AFP) — Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a quitté Washington soulagé après que le président américain George W. Bush lui a promis davantage de coopération contre les rebelles kurdes dans le nord de l'Irak.

Pour la presse turque, les propos que les deux hommes ont tenus devant les caméras laissent entrevoir la possibilité de frappes ciblées contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes de Turquie).

Le voyage de M. Erdogan aux Etats-Unis était très attendu en Turquie, où l'opinion publique et l'opposition parlementaire pressent son gouvernement d'ordonner à l'armée d'entrer en Irak voisin pour sévir contre les bases du PKK.

L'indignation populaire a culminé lorsque des rebelles qui se sont infiltrés à partir de l'Irak dans le sud-est de la Turquie ont tué 12 soldats le 21 octobre, mettant au pied du mur le gouvernement, lequel avait annoncé que sa première option n'était pas militaire.

"Dieu soit loué, nous avons obtenu ce que nous voulions", a affirmé M. Erdogan, qui, cité par l'agence Anatolie, s'est dit heureux lundi après son entretien avec M. Bush à la Maison Blanche.

"Personne ne nous dit de ne pas réaliser des opérations" militaires, a-t-il déclaré à des journalistes à son hôtel, semblant voir dans les propos de M. Bush un soutien implicite à des frappes ciblées d'envergure sur les repaires des rebelles.

A l'issue de son entretien avec M. Erdogan, M. Bush a annoncé un nouveau partenariat entre Washington, Ankara et le commandement américain en Irak pour améliorer le partage de renseignements.

"Des renseignements erronés signifient que nous ne pouvons pas régler le problème. De bons renseignements, justes, livrés en temps réel, utilisant la technologie moderne, permettront de rendre beaucoup plus facile" la lutte contre le PKK, a souligné M. Bush.

Il a également indiqué que son pays était prêt à "aller plus loin" en matière de lutte contre le PKK, notamment pour bloquer les ressources financières de cette organisation considérée comme étant terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

Avant la rencontre, M. Erdogan avait prévenu que la patience des Turcs face aux attaques rebelles était "à bout".

Les Turcs soulignent que des renseignements fiables sont un facteur clé pour agir contre les rebelles du PKK avant même que ceux-ci ne tentent de s'infiltrer en territoire turc par les montagnes.

Des frappes aériennes ou terrestres bien ciblées permettront de vaincre les rebelles, tout en causant le moins de dommages collatéraux possible, jugent les experts.

Le gouvernement Bush exhorte Ankara à la retenue de peur que ne soit déstabilisée l'une des rares régions relativement calmes de l'Irak.

Ankara accuse les Kurdes d'Irak de soutenir leurs cousins kurdes du PKK et de leur fournir armes et explosifs.

M. Erdogan a précisé après sa rencontre avec le président américain que la Turquie n'entendait pas pour autant baisser les bras et restait déterminée à se servir, si nécessaire, du feu vert donné par son Parlement à des incursions.

"Nous avons décidé de réaliser des opérations (...) Nous utiliserons cette autorisation, les forces armées décideront de leur forme", a-t-il souligné, assurant que son pays n'avait nullement l'intention d'"envahir" le nord de l'Irak mais uniquement de détruire les camps rebelles.

La presse turque a vu mardi dans ces déclarations les signes de prochaines attaques turques contre le PKK dans le Kurdistan irakien.

"Feu vert à une opération", titrait ainsi le journal Radikal.

"Il semble qu'il n'y aura pas de pas en arrière quant à la décision de procéder à des opérations militaires", commentait Rusen Cakir, journaliste au quotidien Vatan et expert de la question kurde.

"Ankara devrait dans quelques jours mettre en oeuvre des mesures concrètes, dont une partie sera soutenue ou avalisée par Washington et d'autres qui seront faites à son insu et même contre son gré", a souligné l'analyste.

M. Erdogan doit regagner jeudi la Turquie à l'issue d'une visite en Italie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.