Mardi 12 juin 2007 à 14h30
ANKARA, 12 juin 2007 (AFP) — Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué mardi qu'il résisterait aux appels de l'influente armée pour une incursion militaire en Irak afin de frapper les bases des rebelles kurdes du parti des travailleurs du kurdistan (PKK, interdit), privilégiant le dialogue.
"Est-ce que la lutte menée à l'intérieur du pays est terminée pour que l'on s'occupe maintenant de l'Irak. Est-ce que les 5.000 terroristes dans les montagnes de Turquie ont été anéantis pour que l'on s'intéresse aux 500 autres réfugiés en Irak", a dit M. Erdogan à un groupe de journalistes, cité par l'agence de presse Anatolie.
M. Erdogan s'exprimait quelques heures avant une réunion des dirigeants civils et militaires du pays axée sur les mesures à prendre contre les séparatistes kurdes qui ont intensifié leurs attaques en Turquie.
Le Premier ministre a indiqué avoir utilisé ces chiffres en guise "d'exemple". Selon les sources militaires, jusqu'à 3.800 rebelles sont réfugiés en Irak et près de 2.000 autres dans les montagnes turques.
M. Erdogan a estimé qu'une opération militaire turque en Irak "est la dernière chose à laquelle il faut penser et faire", affirmant qu'au préalable toutes les voies de dialogue devaient être épuisées.
Il n'a pas exclu que son homologue irakien Nouri al-Maliki se déplace prochainement en Turquie pour évoquer la situation.
La Turquie débat depuis des semaines de l'opportunité de lancer une grande opération transfrontalière, comme dans les années 1990, dans le nord de l'Irak pour neutraliser les camps du PKK.
Le PKK a de son côté accusé mardi l'armée turque d'être responsable de la recrudescence des violences et annoncé qu'il arrêterait ses actions si l'armée en faisait de même.
"Il a eu une croissance notable dans les actions (de l'armée) malgré le fait que le cessez-le-feu unilatéral poursuivi par notre mouvement depuis le 1er octobre 2006 n'a pas officiellement été terminée", souligne l'organisation dans un communiqué rapporté par l'agence pro-kurde Firat.
Le document affirme que les attaques du PKK relèvent d'une "légitime défense et du droit de représailles de nos forces contre leur pertes".
Les attaques rebelles se sont multipliées ces dernières semaines à la faveur du dégel printanier, et 50 soldats et 74 rebelles ont été tués dans les combats depuis le début de l'année.
Lundi, une foule assistant aux obsèques de deux officiers tués par le PKK a hué des membres du gouvernement et le président du parlement, Bülent Arinç, membre du parti au pouvoir AKP, accusé de ne pas en faire assez pour combattre le PKK.
L'armée turque, qui mène actuellement de vastes opérations dans l'est et sud-est anatoliens contre le PKK, plaide depuis plusieurs semaines pour une intervention militaire contre les rebelles établis dans les montagnes du nord de l'Irak, alors que le gouvernement a semblé privilégier la diplomatie auprès des Etats-Unis et de l'administration de Bagdad.
Washington et les factions kurdes d'Irak, accusées par Ankara de tolérer le PKK, s'opposent à toute opération militaire turque en Irak.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.