Mardi 20 octobre 2009 à 21h32
DIYARBAKIR (Turquie), 20 oct 2009 (AFP) — La Turquie a salué mardi le retour depuis l'Irak d'un groupe de rebelles et civils kurdes, dont tout les membres ont été libérés, et souligné que ce mouvement se poursuivrait dans les jours prochains.
Elle a aussi dans la foulée appelé une nouvelle fois les séparatistes à se rendre, un appel rejeté par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, clandestin).
"Nous nous attendons dans une première étape à l'arrivée par petits groupes de 100-150 personnes", a dit le ministre de l'Intérieur Besir Atalay, cité par l'agence de presse Anatolie.
Selon lui, ces "retours au foyer" s'inscrivent dans le cadre d'un projet de réformes pro-kurde du gouvernement, baptisé "ouverture démocratique" qui, a-t-il estimé, doit entraîner un démantèlement du PKK.
M. Atalay a d'autre part appelé les rebelles à déposer les armes.
Le Conseil national de sécurité (MGK), qui réunit les principaux responsables civils et militaires turcs, a également évoqué mardi lors d'une réunion ordinaire les efforts pour une solution pacifique du conflit kurde, qu'il a indiqué soutenir, tout en soulignant en même temps que la lutte anti-PKK se poursuivra avec "détermination", selon un communiqué publié au terme de près de huit heures de réunion.
Le gouvernement s'apprête à présenter au Parlement des mesures en faveur de la communauté kurde afin de faciliter une résolution du conflit dans le sud-est anatolien, où le PKK et les forces de sécurité mènent depuis 1984 une guerre qui a fait 45.000 morts.
Une trentaine de civils et rebelles kurdes, constituant ce que le PKK surnomme un "groupe de paix", se sont présentés lundi aux autorités turques à la frontière turco-irakienne.
Il était composé de huit rebelles, sans armes, venant d'une base du PKK dans la montagne irakienne, et de 26 civils, en provenance d'un camp de réfugiés irakien où ils s'étaient exilés dans les années 1990.
Selon l'agence pro-kurde Firatnews, ils étaient porteurs d'un message aux autorités turques réclamant notamment davantage de droits politiques et culturels en faveur de la communauté kurde et la fin des opérations de l'armée contre le PKK.
29 d'entre-eux ont été libérés mardi tandis que les cinq autres, déférés devant un tribunal pour "appartenance à une organisation illégale", ont retrouvé la liberté dans l'après-midi, les juges ayant pris en compte leur retour volontaire, selon une source judiciaire locale.
Leur remise en liberté a provoqué l'explosion de joie de plusieurs milliers de personnes réunies dans un secteur proche de la frontière avec l'Irak. "Bienvenue aux ambassadeurs de la paix, le Kurdistan est fier de vous", ont scandé les manifestants alors que les membres du "groupe de paix" sont montés dans des bus devant les transporter jusqu'à Diyarbakir, la principale ville du sud-est anatolien, peuplée majoritairement de Kurdes, située plus au nord.
Les rebelles ont fait le V de la victoire à la foule qui jubilait.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qui a qualifié ce retour de "positif", a, lui aussi, appelé les rebelles à se rendre lors d'un discours au Parlement, rejetant une nouvelle fois tout dialogue avec le PKK.
En 1999, au plus fort de l'insurrection kurde, une initiative similaire des rebelles, s'était soldée par l'emprisonnement des membres du PKK rentrés en Turquie.
Depuis le nord de l'Irak, où le PKK dispose, selon Ankara, de quelque 2.000 rebelles, Cemil Bayik, un chef militaire du PKK, a affirmé que ses hommes "ne descendront pas de la montagne" tant que la Turquie ne "changera pas de mentalité"' et ne renoncera pas à "détruire" les Kurdes.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.