Jeudi 24 janvier 2013 à 22h03
STRASBOURG, 24 jan 2013 (AFP) — La sociologue turque Pinar Selek, condamnée à perpétuité jeudi par un tribunal d'Istanbul pour terrorisme, va "demander l'asile politique" en France, a-t-elle déclaré à l'AFP après l'annonce du verdict.
"Je vais demander l'asile politique", a-t-elle dit à Strasbourg en réaction à sa condamnation, prononcée en son absence à Istanbul.
L'universitaire de 41 ans, qui vit en exil à Strasbourg, avait été acquittée à trois reprises avant que la justice ne la condamne jeudi à la prison à vie, pour un attentat meurtrier commis en 1998 à Istanbul.
Emprisonnée en Turquie à l'âge de 27 ans, elle avait été libérée en 2000 après la publication d'un rapport attribuant l'explosion à une fuite de gaz.
"C'est très difficile mais je vais résister jusqu'au bout", a-t-elle ajouté. "Je suis fatiguée mais je suis forte, grâce à la solidarité qui m'entoure".
Les juges turcs "ont voulu punir pour intimider les chercheurs, mais ils n'ont pas réussi", a affirmé Mme Selek, connue pour ses recherches sur les minorités marginalisées comme les transsexuels ou les Kurdes.
Malgré le jugement, "je suis sûre qu'on a aussi gagné cette lutte" a-t-elle conclu, expliquant que des étudiants turcs avaient également manifesté devant le tribunal d'Istanbul.
La condamnation à perpétuité s'accompagne d'une mesure d'arrestation immédiate si elle se rendait en Turquie, a indiqué à l'AFP un de ses soutiens universitaires, Pascal Maillard.
"Sa carte de séjour et sa carte d'étudiante ne sont pas assez protecteurs, donc elle va faire dès demain une demande d'asile politique", a-t-il affirmé, en ajoutant que les juges avaient "cédé à leur farce politico-judiciaire".
Le sénateur-maire (PS) de Strasbourg Roland Ries a assuré Mme Selek qu'il continuerait "de lui apporter aide et refuge".
La mairie avait envoyé à Istanbul une délégation de soutien, composée notamment d'une adjointe au maire et de représentants de l'université de Strasbourg.
Faisant part de son "indignation et (de sa) colère", le député PS du Bas-Rhin Philippe Bies a lui aussi promis d'engager, "dans les heures qui viennent, les premières démarches visant à lui faire bénéficier du statut de réfugiée politique."
Pinar Selek entend organiser une conférence de presse vendredi à Strasbourg.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.