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Pétrole: Chevron signe avec le Kurdistan, Bagdad l'exclut du reste de l'Irak


Mercredi 25 juillet 2012 à 00h53

BAGDAD, 24 juil 2012 (AFP) — Chevron ne pourra désormais plus travailler avec l'Irak, en dehors du Kurdistan, en raison de l'acquisition par le géant pétrolier américain de deux blocs pétroliers dans la région autonome sans l'approbation de Bagdad, a annoncé mardi le ministère irakien du Pétrole.

Dans un communiqué, ce ministère a "fait part de l'annulation de l'autorisation attribuée à la société Chevron" de travailler en Irak, "à moins qu'elle résilie le contrat" passé avec les autorités du Kurdistan.

Interrogé sur cette interdiction d'exercice, un porte-parole de Chevron s'est contenté de répondre que le groupe pétrolier "travaille avec le gouvernement irakien depuis près d'une décennie et a initié le premier programme d'assistance technique en 2003".

"Notre but est d'aider l'Irak à réaliser ses objectifs pour le secteur pétrolier et gazier en participant aux opportunités qui répondent à nos critères d'investissement", a-t-il ajouté.

L'action de Chevron a reculé de 1,53% à 106,30 dollars mardi.

Le 19 juillet, Chevron avait annoncé le rachat à l'indien Reliance de deux blocs pétroliers dans la région autonome, sans en référer au gouvernement irakien. Ce dernier affirme que tous les contrats pétroliers doivent lui être soumis et considère comme illégaux tous ceux qui ne le sont pas.

La semaine dernière, Bagdad a prévenu qu'il prendrait "les mesures qui s'imposent" si ExxonMobil, un concurrent de Chevron, mettait en oeuvre des accords sur l'exploration pétrolière dans cette même région.

Les relations entre le gouvernement irakien et les autorités du Kurdistan sont au plus bas depuis plusieurs mois en raison notamment de profonds différends sur le dossier des hydrocarbures.

En juin, le gouvernement irakien avait prévenu les compagnies françaises que tout contrat avec Bagdad serait annulé si elles signaient d'autres contrats avec des autorités locales ou régionales.

Pour Allen Good, analyste de la maison de recherche Morningstar, c'est sciemment que Chevron a choisi de faire affaires avec le Kurdistan plutôt qu'avec l'Irak, où les contrats sont moins avantageux pour lui.

"Chevron n'a pas participé aux dernières enchères (pour des concessions dans le sud de l'Irak), ça montre qu'il ne voyait pas de valeur ajoutée aux termes de ces contrats. Donc d'être exclu, (pour le groupe), ce n'est pas vraiment une punition", estime-t-il.

Au Kurdistan, où les groupes pétroliers sont payés "avec un accord classique de partage des bénéfices et où ils contrôlent les réserves", "il y a plus de valeur ajoutée" que dans le sud de l'Irak, où les groupes pétroliers doivent produire une quantité donnée de pétrole avant de commencer à gagner 2 dollars par baril, explique-t-il.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.