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Ouverture d'un procès lié au génocide des Yézidis, le premier en Belgique


Jeudi 6 novembre 2025 à 11h39

Bruxelles (Belgique), 6 nov 2025 (AFP) — Le procès d'un jihadiste belge accusé d'avoir pris part au génocide de la minorité religieuse des Yézidis en Irak et en Syrie à partir de 2014 s'est ouvert jeudi à Bruxelles.

Sammy Djedou, combattant de l'organisation Etat islamique (EI) au moment des faits, déjà condamné pour terrorisme en Belgique, est à nouveau jugé par défaut car il est présumé mort en zone de guerre.

Le Pentagone avait annoncé son décès en décembre 2016 lors d'une frappe aérienne à Raqqa (Syrie), mais les autorités belges n'en ont jamais eu de preuve formelle et ont décidé de le traduire en justice, fait inédit en Belgique concernant ce génocide.

Devant la cour d'assises de Bruxelles, où le procès devrait durer une semaine, l'accusé doit répondre de "crime de génocide", pour sa participation présumée à l'extermination des Yézidis par l'EI, ainsi que de "crimes contre l'humanité", ce qui vise les soupçons de viols et d'esclavage sexuel à l'encontre de femmes de la minorité.

Trois victimes yézidies ont été identifiées --dont deux sont parties civiles-- et elles doivent venir témoigner au procès de ce qu'elles ont subi.

La période des divers crimes et viols reprochés (novembre 2014-décembre 2016) couvre une époque où certaines étaient encore mineures, âgées de 16 ou 17 ans.

L'enquête de la justice antiterroriste belge s'appuie en bonne partie sur le travail de journalistes et d'ONG, effectué en zone de guerre après la chute du dernier bastion de l'EI à Baghouz (Syrie) en 2019.

Sammy Djedou, né en août 1989 à Bruxelles d'une mère belge et d'un père ivoirien, converti à l'islam à 15 ans, était parti en octobre 2012 rejoindre les rangs de l'EI en Syrie, selon les témoignages recueillis dans l'enquête.

En Syrie il est devenu, aux côtés d'autres combattants étrangers, un cadre de la cellule des opérations extérieures de l'EI chargée de préparer des attentats en Europe.

Cela lui a valu une condamnation en Belgique à 13 ans de prison en 2021, pour avoir été "dirigeant d'un groupe terroriste".

Le jihadiste a aussi été cité dans la procédure judiciaire dite "Paris bis", ciblant diverses complicités dont ont bénéficié les auteurs des attentats du 13 novembre 2015 en France (130 morts). Dans ce procès tenu en 2022 à Bruxelles il a été condamné mais sans peine d'emprisonnement.

Les Yézidis sont une minorité kurdophone, adepte d'une religion pré-islamique, qui était implantée principalement dans le nord de l'Irak avant de subir les assauts et persécutions des jihadistes de l'EI à partir d'août 2014, et de fuir en masse.

Selon l'ONU, des milliers de femmes et adolescentes ont alors subi viols, enlèvements et traitements inhumains, dont l'esclavage.

D'après l'accusation au procès Djedou, l'EI avait "institutionnalisé l'esclavage sexuel des femmes yézidies", dans une forme de commerce qui représentait une part importante de l'économie du califat.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.