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Offensive turque en Syrie : Berlin veut des explications d'Ankara


Mercredi 24 janvier 2018 à 14h16

Berlin, 24 jan 2018 (AFP) — Le gouvernement allemand compte demander mercredi au ministre turc de la Défense des explications sur l'offensive contre une milice kurde en Syrie, au moment où Berlin est sous pression pour ses livraisons d'armes à la Turquie.

L'ambassadeur allemand dans ce pays, Martin Erdmann, va s'entretenir dans la journée avec le ministre Nurettin Canikli au sujet de l'attaque déclenchée samedi dans l'enclave d'Afrine contre des Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde jugée terroriste par Ankara mais soutenue par Washington, a déclaré mercredi une porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, au cours d'un point de presse régulier.

L'ambassadeur va demander "comment l'intervention turque est conduite sur place" et évoquer le possible emploi par Ankara de chars livrés par Berlin, a-t-elle précisé.

Cet entrevue intervient au moment où le débat enfle en Allemagne à la suite de la diffusion d'images de chars allemands "Leopard 2" déployés contre des combattants de l'YPG, fer de lance sur le terrain en Syrie de la lutte menée par une coalition internationale conduite par Washington contre le groupe Etat islamique (EI).

Berlin a livré 354 exemplaires de ces blindés entre 2006 et 2011 à Ankara, membre comme l'Allemagne de l'Otan. Le contrat, signé en 2005 sous l'égide du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, n'interdit pas formellement un emploi contraire au droit international.

Mais des voix se sont récemment élevées en Allemagne pour dire leur inquiétude face à l'offensive turque.

"Il est totalement exclu que l'Allemagne continue à augmenter la puissance de combat des chars +Leopard+ en Turquie si le gouvernement turc s'en prend aux Kurdes" en Syrie, a déclaré au quotidien Tagesspiegel l'élu conservateur Norbert Röttgen, proche de la chancelière Angela Merkel.

Les livraisons d'armes à Ankara devraient être interdites "en raison de la situation des droits de l'homme et du démantèlement des règles de l'Etat de droit en Turquie", a ajouté ce responsable, président de la commission des Affaires étrangères à la chambre des députés.

La Turquie attend de Berlin un feu vert en vue d'un contrat avec un fournisseur d'armement allemand, Rheinmetall, visant à améliorer la protection des chars Leopard.

Le gouvernement allemand a de facto gelé ses livraisons d'armes à son partenaire de l'Otan à la suite de la répression ayant suivi le putsch manqué en juillet 2016. Récemment, les relations bilatérales se sont toutefois réchauffées.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.