Dimanche 18 mai 2025 à 22h30
Istanbul, 18 mai 2025 (AFP) — Un "changement de paradigme majeur" est indispensable pour réparer les liens brisés entre la Turquie et sa minorité kurde après la décision historique du PKK de se saborder, a déclaré dimanche son fondateur emprisonné, Abdullah Öcalan.
Le message d'Abdullah Öcalan a été transmis par une délégation du parti pro-kurde DEM, qui s'est rendue sur l'île-prison d'Imrali, près d'Istanbul, où il purge une peine d'isolement à vie depuis 1999.
Il s'agissait de la première visite qu'il recevait depuis l'annonce faite le 12 mai sur la dissolution du PKK, qui vise à fermer un chapitre sanglant ouvert en 1984, lorsque le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) d'Öcalan a pris les armes, déclenchant un conflit qui a coûté la vie à plus de 40.000 personnes.
"Ce que nous faisons implique un changement de paradigme majeur", a écrit l'ancien guérillero de 76 ans.
"La relation turco-kurde est comme une relation fraternelle qui a été brisée. Frères et soeurs se battent, mais ils ne peuvent exister les uns sans les autres", a-t-il déclaré, appelant à "un nouvel accord fondé sur le concept de fraternité".
"Nous devons éliminer, un par un, tous les pièges et champs de mines qui entravent cette relation, et nous devons réparer les routes et les ponts endommagés", a-t-il ajouté.
Cette fois, seule la députée du Parti démocratique des peuples (gauche) Pervin Buldan lui a rendu visite, accompagnée de l'avocat Özgür Erol, suite au récent décès de Sirri Süreyya Önder, un vétéran de la cause de la paix.
M. Önder, qui était vice-président du Parlement turc, est décédé le 3 mai, environ deux semaines après avoir subi un arrêt cardiaque, quelques jours seulement avant la décision historique du PKK. Il avait passé des années à tenter de mettre fin au conflit avec la minorité kurde de Turquie, ce qui lui avait valu le respect de tous les partis politiques.
Depuis fin décembre, il faisait partie de la délégation baptisée "Imrali" qui avait rendu visite plusieurs fois à Abdullah Öcalan.
Ankara a déclaré qu'elle surveillerait attentivement le processus de désarmement du PKK. En retour, les observateurs s'attendent à ce que le gouvernement turc fasse preuve d'une nouvelle ouverture envers les Kurdes, qui représentent environ 20% des 85 millions d'habitants du pays.
Il est peu probable qu'Abdullah Öcalan lui-même soit libéré, car sa vie pourrait être menacée, mais les conditions de son emprisonnement sont susceptibles d'être "assouplies", ont affirmé des responsables.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.