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Nouvelles manifestations en Iran au début du 4e mois de contestation


Vendredi 16 decembre 2022 à 19h17

Paris, 16 déc 2022 (AFP) — Des dizaines de personnes sont descendues dans la rue vendredi dans le sud-est de l'Iran, selon des images partagées par des groupes de défense des droits humains, alors que la vague de manifestations déclenchée par la mort de Mahsa Amini entre dans son quatrième mois.

Des manifestants à Zahedan, chef-lieu de la province du Sistan-Baloutchistan, ont scandé "Mort au dictateur", en allusion au guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, selon une vidéo vérifiée par l'AFP et diffusée par Iran Human Rights (IHR), organisation basée à Oslo.

D'autres images de Zahedan montrent des foules d'hommes, certains brandissant des affiches avec des slogans anti-régime, et un groupe de femmes vêtues de noir marchant dans ce qui semble être une rue voisine, scandant également des slogans.

L'Iran est en proie à des manifestations depuis la mort le 16 septembre de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, 22 ans, après son arrestation par la police des moeurs à Téhéran qui lui reprochait d'avoir violé le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes.

Des centaines de personnes ont été tuées et des milliers arrêtées dans le contexte de la contestation, entraînant des condamnations internationales, des sanctions et l'expulsion de l'Iran, mercredi, d'une commission de l'ONU sur les droits des femmes.

La province pauvre et reculée du Sistan-Baloutchistan, en grande partie sunnite, est située à la frontière avec l'Afghanistan et le Pakistan et est peuplée par la minorité baloutche qui fait l'objet de nombreuses discriminations, selon diverses ONG.

Elle avait été le théâtre de violences souvent meurtrières avant même que les manifestations n'éclatent à travers le pays.

Selon le groupe de défense des droits humains HRANA, basé aux Etats-Unis, des centaines de personnes se sont rassemblées après la prière du vendredi à Zahedan.

Des manifestations se sont déroulées dans cette ville toutes les semaines depuis la mort de plus de 90 personnes le 30 septembre, tuées lors de rassemblements contre le viol présumé d'une adolescente de 15 ans imputé à un policier.

Selon des experts, les Baloutches ont pris exemple sur les manifestations provoquées par la mort de Mahsa Amini, initialement pour défendre les droits des femmes et qui se sont élargies à d'autres revendications.

- Des centaines de morts -

La semaine dernière, un religieux, Abdelwahed Rigi, a été tué après avoir été enlevé dans sa mosquée à Khash, dans le Sistan-Baloutchistan.

Le procureur de Zahedan, Mahdi Shamsabadi, a déclaré mardi que ses assassins avaient été arrêtés, accusant les auteurs présumés d'avoir voulu "semer la zizanie" entre les communautés sunnite et chiite.

Au moins 458 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations en Iran depuis la mi-septembre, selon un bilan établi le 7 décembre par l'IHR, et au moins 14.000 ont été arrêtées selon l'ONU.

Le Conseil suprême de la sécurité nationale a indiqué le 3 décembre que "plus de 200 personnes" avaient été tuées y compris des membres des services de sécurité.

La justice iranienne a dit avoir prononcé 11 condamnations à mort en lien avec les manifestations.

Deux premières exécutions ont eu lieu déjà, celles de Mohsen Shekari le 8 décembre et de Majidreza Rahnavard lundi, tous deux âgés de 23 ans. Le dernier a été pendu en public plutôt qu'en prison.

Amnesty International a indiqué vendredi qu'au moins 26 personnes risquaient d'être exécutées en lien avec les manifestations en Iran. Selon le groupe de défense des droits humains basé à Londres, l'Iran exécute davantage de condamnés que n'importe quel autre pays, excepté la Chine.

Par solidarité avec les manifestants, sept Iraniens vivant en Allemagne ont observé une grève de la faim devant le consulat d'Iran à Francfort, qui a pris fin vendredi. Certains avaient cessé de s'alimenter depuis 24 jours, d'autres depuis cinq jours, décidant de ne boire que de l'eau. Une femme a participé à leur action pendant quelques jours.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.