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Nouvelles manifestations au Kurdistan irakien, les autorités sous pression d'ONG


Mercredi 9 decembre 2020 à 21h15

Souleimaniyeh (Irak), 9 déc 2020 (AFP) — Des centaines de personnes ont manifesté mercredi dans plusieurs villes du Kurdistan irakien, ont indiqué des sources locales à l'AFP, tandis que plusieurs organisations de défense des droits humains ont accusé les autorités de cibler les protestataires pacifiques.

Des manifestations contre le gouvernement du Kurdistan irakien et les deux principaux partis politiques de la région autonome ont éclaté la semaine dernière dans la province de Souleimaniyeh (nord) pour protester contre le non-paiement et la réduction depuis plusieurs mois des salaires des fonctionnaires.

Après une matinée tendue, des manifestations ont eu lieu dans la soirée à Dukan, Rania, Darbandikhan, Piramagroon et Chamchamal, ont indiqué à l'AFP des habitants de ces localités.

Selon Latif Fateh Faraj, journaliste à Chamchamal, environ 300 jeunes hommes se sont rassemblés devant les locaux du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) et d'autres partis.

"Les forces de sécurité ont tiré sur la foule, pourchassé les manifestants" et déployé des véhicules blindés, a précisé le journaliste à l'AFP.

Des responsables de tribus locales se sont efforcés de calmer la situation dans plusieurs localités et les manifestants se sont dispersés progressivement à Piramagroon, selon des sources locales.

Ces manifestations interviennent après deux jours de violences dans la région lors de rassemblements au cours desquels six personnes ont été tuées et des dizaines blessées selon des sources locales et médicales et la Commission irakienne des droits humains. Dans plusieurs villes, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles.

Le bureau des Nations unies en Irak a condamné ces violences, appelant mardi à l'ouverture "immédiate" d'une enquête.

Six ONG de défense des droits humains dont Amnesty International ont accentué la pression mercredi en accusant les autorités "de cibler les militants de la société civile en les arrêtant pour leur travail et de restreindre les libertés publiques, dont la liberté de la presse et de manifester pacifiquement".

Le Premier ministre du gouvernement du Kurdistan irakien, Masrour Barzani, aussi membre du PDK, a affirmé que le droit de manifester pacifiquement était "vital" mais "que la violence ces derniers jours était inacceptable", sans qu'il ne soit possible de dire s'il faisait référence à la réponse des forces de sécurité ou aux manifestants qui ont tenté d'incendier des sièges de partis.

Mercredi, le comité sécuritaire de Souleimaniyeh a affirmé qu'"à partir de maintenant, les forces de sécurité ne devront pas autoriser les manifestations qui n'ont pas obtenu de permis".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.