Page Précédente

Nouvelles frappes de l'Iran contre ses opposants kurdes en Irak, un mort


Lundi 21 novembre 2022 à 17h24

Erbil (Irak), 21 nov 2022 (AFP) — L'Iran a de nouveau bombardé dans la nuit de dimanche à lundi ses opposants kurdes basés en Irak voisin, tuant un combattant de ces factions dissidentes accusées d'attiser les manifestations qui secouent la République islamique depuis plus de deux mois.

C'est la deuxième fois en moins de 10 jours que les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, lancent des attaques aux drones et missiles contre le Parti démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI) et le groupe nationaliste kurde iranien Komala, installés depuis des décennies dans la région du Kurdistan autonome dans le nord de l'Irak.

Lundi, le pouvoir central à Bagdad a dit refuser que son territoire ne soit un "terrain de luttes ou de règlements de compte pour des acteurs extérieurs" et le Kurdistan autonome a condamné "des violations iraniennes répétées" de la souveraineté irakienne.

"Les bases d'entraînement de groupes terroristes séparatistes anti-iraniens" ont été la cible "d'une nouvelle série d'attaques de missiles et de drones de la force terrestre des Gardiens de la Révolution", a indiqué un communiqué des Gardiens.

Le PDKI a confirmé avoir été visé à Koya (Koysinjaq) et Jejnikan près d'Erbil, la capitale du Kurdistan. Un combattant kurde a été tué, a indiqué à l'AFP Ali Boudaghi, un responsable du groupe.

"Ces attaques aveugles se produisent à un moment où le régime terroriste iranien est incapable d'arrêter les manifestations au Kurdistan" d'Iran, a fustigé le PDKI, plus ancien parti kurde d'Iran fondé en 1945.

- "Promesses" -

Le 14 novembre, des bombardements similaires iraniens ont fait un mort et huit blessés. Des frappes meurtrières avaient également eu lieu le 28 septembre.

Le pouvoir iranien accuse ces groupes, de longue date dans sa ligne de mire, d'attiser les troubles en Iran, confronté à un mouvement de contestation depuis la mort le 16 septembre de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini après son arrestation par la police des moeurs à Téhéran.

Par le passé, les hauts responsables iraniens avaient demandé aux autorités de Bagdad et celles du Kurdistan de stopper les agissements de cette opposition.

Lundi à Téhéran, le porte-parole des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a déclaré que son pays souhaitait que "le territoire irakien ne soit pas utilisé pour menacer la sécurité de l'Iran".

"Nous attendons du gouvernement irakien et des autorités locales du Kurdistan qu'ils assument leurs responsabilités", a-t-il martelé. "Malheureusement, cela ne s'est pas produit malgré les promesses répétées que nous avons reçues."

Installées en Irak depuis les années 1980, ces factions kurdes iraniennes sont qualifiées de "terroristes" par la République islamique d'Iran, qui les accuse aussi de lancer des attaques sur son territoire.

Mais après avoir longtemps mené une insurrection armée, ces groupes ont quasiment interrompu leurs activités militaires, nuancent des experts.

- "Civils en danger" -

Le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient a condamné dans un communiqué des "attaques aveugles et illégales" qui "mettent les civils en danger, violent la souveraineté irakienne et compromettent la sécurité et la stabilité" du pays et de la région.

"Les attaques répétées, les violations de la souveraineté irakienne, doivent cesser", a déploré sur Twitter la mission de l'ONU en Irak.

Les derniers bombardements iraniens sont intervenus au lendemain de frappes aériennes de la Turquie contre des bases des rebelles kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), au Kurdistan d'Irak.

Considéré comme une organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, le PKK, en lutte armée contre le gouvernement turc, dispose de bases arrières depuis des décennies dans le nord d'Irak.

"Quelle que soit l'intention de Téhéran pour cibler le Kurdistan irakien, c'est un échec à la fois pour Bagdad et Erbil de laisser leur territoire être vulnérable à des attaques étrangères", a estimé sur Twitter le politologue irako-canadien Hamzeh Hadad.

A Bagdad, le ministère des Affaires étrangères a dénoncé les bombardements iraniens et turcs comme des "violations de la souveraineté de l'Irak".

Le Parlement irakien doit se réunir mardi à huis clos. A l'ordre du jour de la séance, prévue avant les derniers bombardements: "la préservation de la souveraineté de l'Irak".

str-gde-tgg/tp

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.