Page Précédente

Nouvelles frappes de l'Iran contre des opposants kurdes en Irak


Mardi 22 novembre 2022 à 17h13

Erbil (Irak), 22 nov 2022 (AFP) — Téhéran a une nouvelle fois mené mardi des tirs de missiles et des frappes de drones dans le nord de l'Irak, ciblant l'opposition kurde iranienne deux jours après des bombardements similaires contre ces groupes accusés de fomenter des troubles en République islamique.

Le pouvoir iranien accuse notamment ces mouvements, de longue date dans sa ligne de mire, d'encourager les manifestations qui secouent l'Iran depuis la mort le 16 septembre de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, après son arrestation par la police des moeurs.

Dimanche soir déjà, des tirs de missiles et des frappes de drones kamikazes effectués par les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, ont visé les bases de plusieurs factions de l'opposition iranienne, tuant une personne.

Mardi, les forces terrestres des Gardiens de la révolution ont lancé "une nouvelle série d'attaques" au Kurdistan d'Irak, selon l'agence de presse iranienne Tasnim qui évoque des tirs de missiles et des frappes de drones kamikazes.

Le quartier général et des positions du "groupe séparatiste Pak (Parti de la liberté du Kurdistan, ndlr), qui avait apporté son soutien aux récentes émeutes dans le nord-ouest du pays, ont été ciblés et détruits avec des missiles de précision", a déclaré le général Mohamad Pakpour, chef des forces terrestres des Gardiens, selon le site Internet de l'institution.

Les attaques contre ces factions de l'opposition dans le nord de l'Irak "se poursuivront jusqu'à ce que la menace soit éliminée et qu'ils soient désarmés", a-t-il ajouté.

Le Pak a été ciblé dans les environs d'Altun Kupri. "Nous avions pris nos précautions et vidé les lieux, il n'y a pas de pertes humaines", a indiqué à l'AFP un porte-parole de la faction, Khalil Nadri.

Les environs d'Altun Kupri se trouvent sous le contrôle des Peshmerga, les forces militaires du Kurdistan autonome d'Irak, mais cette région constitue une des zones disputées avec le pouvoir fédéral de Bagdad.

- "Lieu de transit" -

Installées en Irak depuis les années 1980, les mouvements kurdes iraniens - comme le Parti démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI) ou le groupe nationaliste Komala - sont qualifiés de "terroristes" par l'Iran, qui les accuse de lancer des attaques sur son territoire.

Cependant, après avoir longtemps mené une insurrection armée, ces groupes - souvent très à gauche politiquement - ont quasiment interrompu leurs activités militaires, d'après des experts.

Maintenant leur militantisme politique, ils dénoncent les discriminations dont souffrent la minorité kurde en Iran (environ 10 millions sur une population de 83 millions), notamment l'interdiction d'enseigner leur langue dans les écoles.

Mais ces groupes disposent toujours dans le nord de l'Irak de combattants en treillis, s'apparentant à des "réservistes" qui s'entraînent au maniement des armes.

"Aujourd'hui, la République islamique d'Iran a visé des groupes d'opposition iraniens dans deux zones avec des roquettes", a indiqué sur Twitter un porte-parole du gouvernement autonome du Kurdistan, Lawk Ghafuri, citant la ville de Perdi (nom kurde d'Altun Kupri) et la région de Degala, à l'est d'Erbil, capitale régionale du Kurdistan.

Par le passé, les hauts responsables iraniens avaient demandé aux autorités de Bagdad et à celles du Kurdistan de mettre un terme aux activités de cette opposition, les accusant de s'infiltrer en Iran et d'attaquer les forces iraniennes.

Lundi à Téhéran, le porte-parole des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a déclaré que son pays souhaitait que "le territoire irakien ne soit pas utilisé pour menacer la sécurité de l'Iran".

"Nous avons insisté auprès des autorités irakiennes et de la région du Kurdistan sur le fait que cette région ne devait pas être un lieu de transit de matériel et d'armes pour être utilisés dans des troubles", a-t-il martelé.

Le 14 novembre, des bombardements similaires iraniens ont fait un mort et huit blessés au Kurdistan d'Irak. Des frappes meurtrières avaient également eu lieu le 28 septembre.

Les bombardements iraniens interviennent alors que la Turquie a lancé dimanche l'opération "Griffe Épée", une série de raids aériens contre des positions kurdes dans le nord de l'Irak et de la Syrie.

str-tgg/jg

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.